Livre blanc sur le Tibet
2009-03-17 00:43

Le cinquantenaire de la réforme démocratique au Tibet

Introduction

Le Tibet fait partie intégrante de la Chine depuis toujours. La libération pacifique du Tibet, l'expulsion des agresseurs impérialistes hors du Tibet, la mise en œuvre de la réforme démocratique et l'abolition du régime théocratique de servage féodal au Tibet sont des conséquences importantes de la révolution démocratique nationale anti-impérialiste et anti-féodale du peuple chinois depuis l'époque moderne, et font partie de la mission historique que le gouvernement chinois devait remplir après la fondation de la République populaire de Chine.

Avant la réforme démocratique de 1959, le Tibet était une société basée sur le servage féodal, caractérisée par l'union du pouvoir temporel et spirituel. Elle était plus obscure et plus arriérée que la société médiévale d'Europe de l'Ouest. En tant que chef de l'école bouddhiste Gelug et chef de l'autorité locale du Tibet, le XIVe Dalaï Lama, détenant le pouvoir politique et religieux, était le représentant général des propriétaires de serfs. Ces propriétaires de serfs qui regroupaient moins de 5 % de la population tibétaine possédaient la majorité des moyens de production et toutes les richesses matérielles et spirituelles du Tibet. Les serfs et les esclaves qui représentaient plus de 95 % de la population étaient dépourvus de moyens de production et de liberté individuelle. Ils souffraient d'une exploitation et d'une oppression considérables et vivaient dans une pauvreté extrême, n'ayant aucun droit. Le régime théocratique de servage féodal a étouffé la vitalité et le dynamisme de la société tibétaine, la faisant tomber en décadence.

En 1951, le gouvernement populaire central et le gouvernement local du Tibet ont signé l'Accord sur les mesures concernant la libération pacifique du Tibet (appelé en abrégé : Accord en dix-sept articles). Ainsi, le Tibet s'est débarrassé de l'agression impérialiste et a réalisé sa libération pacifique, créant la condition préalable d'un développement simultané avec les autres régions du pays.

L'Accord en dix-sept articles a affirmé la nécessité de réformer le système social du Tibet et souligné que le gouvernement local du Tibet devait mener la réforme de son propre chef. Compte tenu de la situation spéciale du Tibet, le gouvernement populaire central a opté pour une attitude très prudente : il a attendu, avec patience, indulgence et sincérité, que la clique régnante du Tibet applique la réforme de sa propre initiative. Cependant, incitées et soutenues par la force impérialiste, certaines personnes au sein de la clique régnante, ignorant les voix de plus en plus fortes en faveur de la réforme démocratique, se sont complètement opposées à la réforme et ont persisté obstinément à « ne pas entreprendre la réforme pendant longtemps, si ce n'est jamais », dans l'espoir de préserver définitivement le système théocratique de servage féodal. Le 10 mars 1959, elles ont ouvertement déchiré l'Accord en dix-sept articles et déclenché une rébellion armée généralisée. Pour sauvegarder l'unité du pays et l'intérêt fondamental du peuple tibétain, le gouvernement populaire central et ce dernier ont résolument réprimé la rébellion armée. Parallèlement, une réforme démocratique a été déclenchée d'une manière éclatante au Tibet, laquelle a aboli le régime théocratique de servage féodal, libéré un million de serfs et d'esclaves, et inauguré une ère nouvelle, dans laquelle le peuple tibétain devient son propre maître. C'est le changement social le plus généralisé, le plus profond et le plus grandiose dans l'histoire du Tibet. C'est un événement historique qui marque l'histoire du développement social et l'évolution des droits de l'homme au Tibet. C'est aussi un progrès considérable dans l'histoire de la civilisation humaine et dans l'histoire mondiale des droits de l'homme.

Depuis ces 50 dernières années, après avoir gagné l'émancipation, le peuple tibétain de toutes les ethnies, soutenu par le gouvernement populaire central et toute la nation, s'est lancé, en tant que maître du pays et avec un enthousiasme sans précédent, dans la construction d'une nouvelle société et dans la création d'une nouvelle vie. Des miracles sans précédent ont été accomplis l'un après l'autre au Tibet. Le régime social a connu des avancées significatives. La modernisation a enregistré des progrès sensibles tous les jours et connu un essor considérable. Des changements énormes se sont produits dans la physionomie de la société. La cause des droits de l'homme a obtenu des succès retentissants.

Cette année marquant le 50e anniversaire de la réforme démocratique du Tibet, le présent livre a pour but de clarifier l'histoire et de faire connaître le vrai Tibet et son développement. Il s'efforce de passer en revue cette réforme et les changements historiques survenus au Tibet depuis ces 50 dernières années, de révéler les règles du développement de la société tibétaine, de clarifier, par des faits, les mensonges sur la « question du Tibet » répandus par la clique du XIVe Dalaï Lama, et de révéler le vrai visage de ce dernier.

I. Le Tibet ancien : une société de servage féodal théocratique

Avant la réforme démocratique de 1959, le Tibet était dominé par un servage féodal théocratique. Les propriétaires de serfs composés de trois grands groupes de seigneurs (fonctionnaires, nobles et moines de la hiérarchie supérieure des monastères) exerçaient une oppression politique et une exploitation économique cruelles sur la population majoritaire de serfs et d'esclaves. Le peuple tibétain en souffrait profondément et vivait péniblement, tandis que la société tibétaine était plongée dans un état excessif de pauvreté et de retard, de fermeture et de dépérissement.

-- Une société théocratique moyenâgeuse. Concernant la situation sociale du Tibet ancien, le journaliste anglais Edmund Candler, qui s'est rendu à Lhasa en 1904, a dépeint en détail, dans La Face cachée de Lhasa, la société du Tibet ancien. D'après lui, « le peuple tibétain vivait à cette époque, tout comme au Moyen Age, non seulement du point de vue de son régime politique et de sa religion mais aussi de ses sanctions sévères, de sa sorcellerie, de son système de réincarnation et de ses tortures par le feu et l'huile bouillante, sans aucune exception au quotidien, sous tous les aspects. » (1) Le Tibet ancien se caractérisait par sa théocratie. La haute société religieuse et les monastères constituaient une force puissante, occupant à la fois les rôles de gouverneur politique majeur du Tibet et de plus grand propriétaire de serfs, bénéficiant de nombreux privilèges politiques et économiques, et dominant la vie matérielle et spirituelle de l'homme. Dans La Face cachée de Lhasa, Edmund Candler écrit : « Cette région applique un système féodal. Les lamas sont les détenteurs réels du pouvoir, et les paysans sont leurs esclaves. » « Les moines constituent une force puissante qui domine tout. Même les bouddhas ne peuvent pas se passer des moines. » (2) Selon les statistiques, avant la réforme démocratique, le Tibet abritait 2 676 monastères comprenant 114 925 moines dont 500 petits et grands bouddhas vivants et 4 000 moines détenant réellement le pouvoir économique entre leurs mains. A cette époque, un quart des hommes tibétains étaient devenus moines. Les monastères Drepung, Sera et Ganden accueillaient plus de 16 000 moines, en possession de 321 domaines, de 9 800 ha de terre, de 450 prés, de 110 000 têtes d'animaux domestiques et de 60 000 serfs. Sous le régime théocratique, les pouvoirs religieux se sont accrus dans le mauvais sens ; ils ont consommé quantité de ressources humaines et la quasi-totalité des richesses matérielles, emprisonné la pensée de l'homme, et entravé le développement de la productivité. Charles Bell, représentant commercial d'Angleterre à Lhasa dans les années 1920, a esquissé dans la Biographie du XIIIe Dalaï Lama le portrait suivant : en comptant sur son statut théocratique, le Dalaï Lama a le droit de récompenser et de punir en toute liberté ; il maîtrise à la fois le sort actuel des serfs et leur futur destin, ce qui constitue son atout pour pouvoir menacer. (3) Le tibétologue américain Melvyn Goldstein explique de façon détaillée : « Au Tibet, la société et le gouvernement sont basés sur un système de valeurs selon lequel les pratiques et objectifs religieux se placent au-dessus de tout. » « Les droits et les privilèges religieux ainsi que les grands monastères jouent un rôle majeur dans l'empêchement du progrès ». La religion et le groupe de monastères, ajoute-t-il, « constituent un joug lourd pour le progrès social tibétain » ; « du fait de la croyance religieuse chez toute la population et de la détention du pouvoir politique et religieux par les leaders religieux, le Tibet a donc perdu la capacité de s'adapter à l'évolution de l'environnement et de la situation. » (4)

-- Les trois grands groupes de seigneurs en possession de la quasi-totalité des moyens de production. Dans l'ancien Tibet, trois grands groupes de seigneurs (fonctionnaires, nobles, moines haut placés dans les monastères) et leurs agents, représentant 5 % de la population, possédaient toutes les terres arables, les prés, les forêts, les monts, les rivières, les plages et la plupart des animaux domestiques. Les serfs constitués de tralpa (hommes cultivant une parcelle de terres et fournissant un travail gratuit à leurs propriétaires) et de duigoin (petits foyers fumants), représentant 90 % de la population tibétaine, vivaient en cultivant des parcelles de terre, sans moyens de production ni liberté individuelle. Un autre 5 % de population regroupait les nangzan (esclaves de père en fils), qui étaient considérés comme des outils sachant parler. D'après des statistiques faites au début de la dynastie des Qing au XVIIe siècle, le vieux Tibet comptait 20 000 ha de terres arables dont 30,9 % étaient occupés par les autorités locales tibétaines, 29,6 % par les nobles et 39,5 % par les monastères et les moines haut placés. Le monopole des trois groupes seigneuriaux sur les moyens de production n'avait pratiquement pas changé. Selon les statistiques, avant la réforme démocratique, le clan du XIVe Dalaï Lama possédait 27 domaines, 30 prairies et plus de 6 000 serfs. Il extorquait environ 462 000 kg d'orge, 35 000 kg de beurre, 2 millions de taëls d'argent, 300 têtes de bœufs et de moutons et 175 rouleaux de tissu de laine. En 1959, le XIVe Dalaï Lama était en possession de 160 000 taëls d'or, de 95 millions de taëls d'argent, de 20 000 pièces de bijoux et de jade, de plus de 10 000 vêtements en satin et en fourrure précieuse, et de plus de 100 pèlerines incrustées de perles et de pierres précieuses d'une grande valeur.

--Les trois grands groupes de seigneurs peuvent disposer de la personne d'un serf. Le gouvernement local du Tibet ancien avait adopté le règlement suivant : les serfs, fixés sur les terres du domaine de leur seigneur, ne peuvent pas les quitter de leur plein gré ; il leur est absolument interdit de s'évader. Ils dépendent de génération en génération de leur seigneur et sont liés aux terres du domaine. Toutes les mains-d'œuvre et les animaux domestiques capables de cultiver la terre doivent cultiver les parcelles de terre et en payer la corvée. S'ils ne peuvent plus travailler, les serfs se voient confisquer leurs animaux domestiques, leurs outils agricoles, leurs parcelles de terre, et sont réduits en esclavage. Les propriétaires possèdent les serfs et ils en disposent tout comme de leur propriété privée ; ils peuvent les miser au jeu et les vendre, les transférer à autrui, en faire cadeau, les utiliser pour payer les dettes et les échanger. En 1943, un grand noble vendit 100 serfs à un responsable religieux de Drigung pour un prix de 60 taëls d'argent tibétain par serf ; il envoya 400 serfs au monastère Gundelin pour payer une dette de 150 000 taëls d'argent tibétain. Les propriétaires de serfs pouvaient décider de la vie, de la mort et du mariage des serfs. Cela est expliqué par un dicton : « Les parents donnent la vie, mais les fonctionnaires possèdent le corps. On ne dispose ni de sa vie ni de son corps. » Pour se marier, les serfs doivent avoir l'accord de leur seigneur ; les serfs appartenant à différents seigneurs doivent payer une compensation pour leur mariage. Pour donner naissance à un enfant, les serfs doivent payer une taxe de naissance en faveur de l'inscription de l'enfant auprès de leur seigneur. Une fois nés, les enfants des serfs sont voués à être serfs à vie.

--La hiérarchie stricte. Le Tibet ancien a appliqué pendant plusieurs centaines d'années le Code en 13 articles et le Code en 16 articles, qui divisaient les Tibétains en plusieurs classes et précisaient l'inégalité légale de différentes classes. Les Codes précisaient que : « Les êtres humains se divisent en trois classes : supérieure, moyenne et inférieure, et chaque classe se divise en trois catégories : supérieure, moyenne et inférieure. Cette classification est définie selon les origines et les fonctions. » Les êtres de classe supérieure désignent un petit nombre de nobles influents, de grands bouddhas vivants et de hauts fonctionnaires ; ceux de classe moyenne, les fonctionnaires ordinaires, religieux ou civils, les officiers militaires non gradés et les représentants des trois groupes de seigneurs ; ceux de classe inférieure, les serfs et les esclaves, représentant 95 % de la population tibétaine. Les Codes prévoient le système de compensation pour un homicide : « Etant donné la distinction de classes des êtres, le prix d'une vie est différent ». La vie des êtres de catégorie supérieure de la classe supérieure tels que les princes, les grands bouddhas vivants, est évaluée en or selon le poids de leur corps ; celle des êtres de catégorie inférieure de la classe inférieure tels que femmes, bouchers, chasseurs et artisans, n'équivalait qu'à une corde de chanvre. Les Archives de la Région autonome du Tibet conservent un Rapport sur l'interdiction de garder les descendants des forgerons : en 1953, un descendant de forgeron venant du district de Doilungdêqên, effectuait un travail auprès du XIVe Dalaï Lama. Après avoir dévoilé son identité, ce dernier le renvoya sur-le-champ, en ordonnant que les êtres de catégorie inférieure de la classe inférieure, issus de familles de forgerons et de bouchers, soient interdits de travailler au sein du gouvernement et de se marier avec des personnes venant de familles issues d'une autre classe. A. Tom Grunfeld, tibétologue américain à l'Université d'Etat de New York, a indiqué, dans la Naissance du Tibet moderne : L'égalité humaine est définie comme une des notions importantes des dogmes bouddhistes. Pourtant, cela n'a malheureusement pas pu empêcher les Tibétains de fonder leur hiérarchie.

--L'oppression politique et les atroces supplices. Les codes locaux du Tibet de cette époque prévoyaient que : si les serfs compromettent les intérêts des trois groupes seigneuriaux, « ils seront sanctionnés en fonction de la gravité des circonstances : les yeux seront arrachés, la chair des cuisses et la langue coupées, les mains amputées ; ils seront poussés dans un précipice, jetés dans l'eau ou tués pour servir d'exemple aux futurs contestataires ». « S'ils se plaignent d'une injustice auprès du Palais, ceci étant considéré comme anticonstitutionnel, les serfs seront arrêtés et frappés avec des instruments de supplice. Seront arrêtés ceux qui désobéissent à leurs propriétaires, enquêtent sur les secrets de leurs propriétaires, ou offensent les fonctionnaires. » Concernant les êtres de différentes classes qui violent le même article de loi, les différents critères de sanction et supplices seront adoptés par les autorités. Selon les Codes du Tibet ancien, si les valets résistaient à leurs propriétaires et que ces derniers étaient gravement blessés, ils se faisaient couper les mains et les pieds ; si les propriétaires frappaient les valets et les blessaient, il leur suffisait de leur apporter des soins médicaux ; ceux qui blessaient les bouddhas vivants se faisaient arracher les yeux, couper les pieds et amputer les mains ou subissaient d'autres atroces supplices. Bombojab Tsebekovitch Tsybikoff, un Russe venu à Lhasa au début du XXe siècle, a écrit dans Un pèlerin bouddhiste au Tibet, un lieu sacré : « A Lhasa, on peut chaque jour voir partout ceux qui ont été punis pour avoir convoité les biens des autres. Ils ont les doigts et le nez coupés, et la plupart d'entre eux ont les yeux arrachés et vagabondent partout. En outre, devant porter à vie une cangue de bois circulaire autour du cou et des chaînes aux pieds, les criminels tibétains sont souvent déportés dans les régions éloignées ou offerts comme esclaves à des nobles ou des fonctionnaires de différents clans. La sanction la plus sévère est naturellement la peine capitale : le criminel se fait noyer dans une rivière (à Lhasa par exemple) ou pousser dans un précipice (à Xigazê par exemple). » (5) Dans La Terre des lamas, l'Anglais David Mcdonald dit : « La sanction la plus sévère est la peine de mort. Mais s'y est ajouté le démembrement en raison de la croyance lamaïque selon laquelle ce genre de punition interdit la réincarnation de l'âme. Voici la pratique la plus courante : celui qui est condamné à mort est introduit dans un sac de cuir et le sac jeté dans une rivière pour que le criminel meure et sombre au fond de l'eau ; le sac de cuir flotte sur la rivière et sombre normalement au bout de 5 minutes ; si l'on perçoit un souffle de vie dans le sac, on rejette une fois de plus le sac à l'eau pour qu'il soit vraiment mort. Son corps sorti du sac sera démembré, et ses membres et son tronc seront jetés dans une rivière et flotteront au gré du courant... Un autre supplice a rapport aux yeux : un fer concave brûlant, une huile ou de l'eau bouillante sont introduits dans les yeux du criminel pour que ce dernier perde la vue, puis ses globes oculaires sont sortis avec un crochet de fer. »

Les monastères et les nobles disposaient de geôles ou de prisons privées ; ils pouvaient préparer leurs instruments de supplices et créer un tribunal illégal pour punir les serfs et les esclaves. Le monastère Ganden disposait de menottes, de chaînes, de bâtons ainsi que d'instruments de supplices qui servaient à arracher les yeux et les tendons. Une institution privée de gestion monastique à Dêqên, créée par Yongzin Trigyang, assistant du maître des soutras du XIVe Dalaï Lama, a causé plus de 500 morts et blessés, serfs et moines pauvres compris, emprisonné 121 personnes et déporté 89 autres, tandis que 538 personnes ont été réduites en esclavage, 1 025 personnes ont été obligées de prendre la fuite, 72 personnes ont vu leur mariage détruit et 484 femmes ont été violées (6).

Une lettre existante du gouvernement local du Tibet écrite au début des années 1950 dit ceci : « Pour fêter l'anniversaire du XIVe Dalaï Lama, tout le personnel de Gyumé Dra-tsang doit réciter les canons bouddhistes. Pour réaliser cette pratique bouddhiste, nous avons besoin en urgence d'une paire d'intestins humides, de deux crânes humains, de sang de plusieurs sortes, et d'une peau humaine pour les offrir comme sacrifices, il faut les apporter sur-le-champ. » Pour accueillir le Dalaï Lama venant réciter les canons bouddhistes, il fallait une peau, du sang et un crâne humain. A l'évidence, le servage théocratique du vieux Tibet était vraiment atroce et sanguinaire !

--Les impôts et les corvées lourdes. L'exploitation des serfs par les propriétaires se traduisait par la corvée, les taxes et la rente de terre et d'animaux. Seul le gouvernement local du Tibet pouvait percevoir plus de 200 impôts de toutes sortes. Les corvées que les serfs assuraient pour le gouvernement local et les seigneurs représentaient 50 % de la quantité de leur travail et atteignaient même les 70 % ou 80 %. A l'intérieur d'un domaine féodal, le propriétaire divisait la terre en deux parties : la partie relativement fertile était réservée à l'exploitation du domaine ; l'autre partie stérile et lointaine était attribuée aux serfs comme parcelles de terre, sous conditions de corvées. De plus, les serfs, en utilisant ces parcelles, devaient travailler dans les terres du domaine sans aucune récompense, en utilisant leurs propres outils et denrées ; ils ne pouvaient donc cultiver leurs parcelles de terre que par la suite. Pendant la saison des gros travaux agricoles et au moment où les propriétaires avaient besoin de services, les serfs devaient transporter le matériel, construire des maisons ou assurer d'autres corvées pour ces derniers. Outre les corvées du domaine, les serfs devaient assurer des corvées pour le gouvernement local du Tibet ainsi que pour ses institutions subordonnées ; la corvée la plus lourde était celle du transport, car dans le Tibet immense et peu peuplé, la circulation n'était pas facile et le matériel devait souvent être transporté à dos d'homme et d'animal.

Selon les enquêtes faites avant la réforme démocratique, le domaine appartenant au régent du XIVe Dalaï Lama comptait 96 ha, 81 serfs servant de mains-d'œuvre à temps plein ou partiel, qui assuraient 21 266 jours de corvée sur toute l'année, ceci correspondant à la corvée de 67,3 personnes pendant une année, soit 83 % de serfs qui assuraient gratuitement des corvées pour les propriétaires. Un domaine situé au bord de la rivière Yalong, dans le district de Nêdong de la région Shannan, comptait, avant la réforme démocratique, 59 foyers avec 302 personnes et 80 ha. Chaque année, le propriétaire et son agent levaient 18 sortes d'impôts et répartissaient 14 genres de corvées équivalentes à 26 800 jours de travail ; le gouvernement local du Tibet levait 9 sortes d'impôts et répartissait 10 genres de corvées, équivalentes à 2 700 jours de travail ; le monastère local levait 7 sortes d'impôts et répartissait 3 genres de corvées, équivalentes à 900 jours de travail. Chaque travailleur devait assurer annuellement plus de 210 jours de corvées gratuites et fournir 800 kg de céréales et 100 taëls d'argent tibétain aux trois groupes de seigneurs.

--Une exploitation stupéfiante grâce au prêt usuraire. Les Dalaï Lama successifs ont créé leurs propres agences de prêt à intérêt qui généraient une certaine partie des « recettes » annuelles servant à l'entretien du Dalaï Lama, et accordaient des prêts usuraires à la population afin de bénéficier de profits exorbitants. En fonction des statistiques écrites dans les livres de comptes de ces agences en 1950, un prêt total de 3 038 581 taëls d'argent tibétain avait été accordé, avec des profits annuels de 303 858 taëls d'argent. Les gouvernements du Tibet à échelons divers avaient créé de nombreuses agences de prêt à intérêt ; on avait même intégré dans les fonctions administratives des fonctionnaires de différents échelons l'attribution des prêts et la récolte des intérêts. Selon les enquêtes de 1959, les monastères Drepung, Sera et Ganden de Lhasa ont fait le prêt de 45 451 644 livres de céréales, dégageant des profits annuels de 798 728 livres de céréales et le prêt de 57 105 895 taëls d'argent tibétain, dégageant des profits annuels de 1 402 380 taëls d'argent. Les recettes à travers l'exploitation par les prêts usuraires représentaient 25 à 30 % du total des recettes des trois monastères. Les nobles, eux aussi, étaient usuriers pour la plupart ; les recettes à travers l'exploitation par les prêts usuraires représentaient 15 à 20 % du total de leurs revenus familiaux. Pour survivre, les serfs étaient obligés d'emprunter de l'argent, et ceux qui étaient endettés représentaient plus de 90 % de la population des serfs. Dans Le vieux Tibet face à la Chine nouvelle, la grande aventurière française Alexandra David-Néel a écrit : « Au Tibet, tous les paysans étaient des serfs débiteurs à vie. Il était difficile d'en trouver un parmi eux qui ait réglé ses dettes. » Les dettes que pouvaient contracter les serfs comportaient les nouvelles dettes, les dettes héréditaires, les dettes solidaires et celles qui étaient collectivement réparties. Un tiers des dettes comportait les dettes héréditaires cumulées sur plusieurs générations. Le grand-père d'un serf de Maizhokunggar, nommé Tsering Gompo, avait emprunté au monastère Sera 700 kg de céréales pour lesquels le grand-père, le père et lui-même ont payé les intérêts pendant 77 ans, soit un total de 42 000 kg de céréales. Toutefois, le créancier avait déclaré qu'il devait en fait 1,4 million de kg de céréales. Un autre serf de Donggar appelé Tanzen emprunta à son propriétaire 14 kg d'orge en 1941 ; en 1951, le propriétaire demanda de rendre 8 400 kg. Incapable de rendre la somme due, il fut obligé de prendre la fuite. Sa femme mourut sous la pression et son fils enlevé pour payer les dettes.

--Une société stagnante au bord de l'effondrement. L'oppression et l'exploitation atroces par le servage féodal théocratique ont étouffé le dynamisme de la société tibétaine, de sorte que le Tibet a stagné pendant longtemps. Jusqu'au milieu du XXe siècle, la société tibétaine demeurait très fermée et retardataire ; l'industrie, le commerce, les sciences et techniques, l'éducation, la culture et la santé restaient des lacunes à combler ; des méthodes de labourage primitives étaient utilisées dans la production agricole ; l'élevage faisait appel au nomadisme naturel. Les produits agricoles et d'élevage étaient peu nombreux et dégénérés ; les outils de production n'évoluaient pas ; la productivité et le niveau de développement social restaient très bas. De nombreux serfs souffraient de faim, de pauvreté et menaient une vie pénible ; ceux qui étaient morts de faim, de froid, de pauvreté et de maladie étaient innombrables. On trouvait des personnes âgées, femmes et enfants, mendiant partout dans Lhasa, Xigazê, Qamdo, Nagqu, etc. Selon le tibétologue américain A. Tom Grunfeld, certains ont déclaré qu'avant 1959, les Tibétains ordinaires pouvaient boire interminablement du thé au lait, possédaient quantité de viande et de légumes. Cependant une enquête réalisée en 1940 sur le Tibet de l'Est indiquait que : 38 % de foyers n'avaient jamais bu de thé au lait, 51 % de foyers ne pouvaient s'acheter du beurre, 75 % de foyers avaient, parfois, été obligés de manger des herbes sauvages dans une soupe d'os de bœuf, accompagnées de farine d'avoine et de soja. « Aucune preuve ne peut soutenir la thèse que le Tibet était un Shangri-La. »

Selon un grand nombre de preuves, le servage féodal théocratique tibétain commençait à s'essouffler au milieu du XXe siècle. Les conflits et les crises de la société tibétaine se sont multipliés ; les serfs, pour sortir de leur situation désespérée, n'ont cessé de déposer des pétitions, de s'évader, de lutter contre le fermage et la corvée, voire même de se soulever. Selon Ngapoi Ngawang Jigme, l'un des hauts fonctionnaires du gouvernement local du vieux Tibet, tout le monde pensait que, si cette situation durait, les serfs mourraient bientôt tous, et les nobles ne survivraient pas non plus ; toute la société périrait donc.(7)

II. Une réforme démocratique de grande envergure au Tibet

La mise en application d'une réforme démocratique et l'abolition du servage féodal théocratique constituent les conditions inévitables pour le progrès et le développement social de l'humanité, l'importante tâche de la Révolution démocratique populaire sous la direction du Parti communiste chinois, la seule issue du développement social du Tibet et le désir ardent de la majorité du peuple tibétain. En 1959, le gouvernement populaire central appliqua une réforme démocratique au Tibet et abolit le servage féodal corrompu et ténébreux, accomplissant ainsi une grande transformation dans l'histoire du Tibet et changeant profondément le sort du peuple tibétain.

La Guerre de libération menée par le peuple chinois ayant été couronnée d'une victoire décisive, la République populaire de Chine fut proclamée en 1949. Suite à la libération pacifique de Beiping (aujourd'hui Beijing), du Hunan, du Yunnan, du Xinjiang et du Xikang (Kham), le gouvernement populaire central adopta aussi le principe de libération pacifique envers le Tibet en tenant compte de la situation réelle du Tibet. En janvier 1950, il pria officiellement les autorités locales du Tibet d' « envoyer une délégation à Beijing pour négocier la libération pacifique du Tibet ». Le XIVe Dalaï Lama nomma, en février 1951, Ngapoi Ngawang Jigme premier représentant plénipotentiaire du gouvernement local du Tibet, Kemai Soinam Wangdui, Tubdain Daindar, Turdain Legmoin et Sampo Dainzin Toinzhub, représentants chargés d'aller à Beijing poursuivre les négociations avec le gouvernement populaire central. Les représentants du gouvernement populaire central et du gouvernement local du Tibet signèrent, le 23 mai 1951, l'Accord sur les mesures concernant la libération pacifique du Tibet (ou Accord en dix-sept articles). Ainsi, la libération pacifique fut réalisée au Tibet. La libération pacifique permettait au Tibet de se débarrasser du joug des forces d'agression des impérialistes et de briser la situation de fermeture et de stagnation de longue durée de la société tibétaine, créant ainsi des conditions favorables pour la réforme démocratique, le développement et les progrès du Tibet.

Cet Accord bénéficiait de l'approbation et du soutien du peuple des différentes ethnies tibétaines. Du 26 au 29 septembre 1951, le gouvernement local du Tibet convoqua une conférence à laquelle participèrent tous les fonctionnaires ecclésiastiques et laïques ainsi que les représentants des trois grands monastères pour discuter de l'Accord. Il fut déclaré que « l'Accord en dix-sept articles profite considérablement et incomparablement à la cause grandiose du Dalaï Lama, au bouddhisme, aux affaires politiques et économiques du Tibet, et doit sans conteste être appliqué à la lettre ». Le XIVe Dalaï Lama envoya donc le 24 octobre de la même année un télégramme au président Mao Zedong, dans lequel il disait : « Sur la base de l'amitié, les représentants des deux parties ont signé le 23 mai 1951 l'Accord sur les mesures concernant la libération pacifique du Tibet. Le gouvernement local, les lamas et les populations laïques du Tibet le soutiennent à l'unanimité. Sous la direction du président Mao et du gouvernement populaire central, ils apporteront une aide active à l'Armée populaire de Libération entrée au Tibet pour consolider la défense nationale, chasser les forces impérialistes du Tibet, sauvegarder l'unité territoriale et la souveraineté du pays. » En 1954, le XIVe Dalaï Lama et le Xe Panchen Lama se rendirent à Beijing pour participer à la première Assemblée populaire nationale. Lors de cette Assemblée, ils furent élus respectivement vice-président et membre du Comité permanent de l'Assemblée populaire nationale. Le XIVe Dalaï Lama prit la parole et exposa les résultats obtenus depuis trois ans dans la mise en pratique de l'Accord en dix-sept articles et soutint chaleureusement les principes et les clauses concernant l'autonomie régionale des minorités ethniques. Le 22 avril 1956, le XIVe Dalaï Lama assuma les fonctions de président du Comité préparatoire de la Région autonome du Tibet et déclara lors de la conférence marquant la fondation de ce Comité : « L'Accord en dix-sept articles permet au peuple tibétain de jouir pleinement des droits d'égalité ethnique et de s'engager dans la voie lumineuse de la liberté et du bonheur. »

La réforme du régime social du Tibet représentait une obligation de la mise en application de l'Accord en dix-sept articles. Dans l'article 11 de cet Accord, il est stipulé clairement : « En ce qui concerne les différentes réformes au Tibet, il n'y aura pas de coercition de la part des autorités centrales. Le gouvernement local du Tibet devra réaliser les réformes de sa propre volonté, et quand le peuple présentera des demandes de réformes, elles devront être examinées en consultation avec le personnel dirigeant du Tibet. » Après la libération pacifique du Tibet, les demandes du peuple tibétain concernant la réforme ne cessaient d'augmenter. Les personnalités sensées des couches moyennes et supérieures du Tibet réalisèrent que sans une réforme de l'ancien système, le Tibet n'aurait pas la possibilité de connaître la prospérité. Compte tenu de l'histoire et de la réalité du Tibet, le gouvernement populaire central adopta une attitude très prudente et une politique extrêmement tolérante à l'égard de la réforme du système social au Tibet. Il essaya de persuader avec patience le groupe dirigeant de la couche supérieure des autorités locales du Tibet et lui laissa le temps suffisant pour prendre l'initiative de procéder à des réformes. En 1956, le gouvernement populaire central décida, selon la réalité du Tibet, de « ne pas appliquer de réformes pendant six ans » en attendant le réveil de la classe supérieure tibétaine. En janvier 1957, lors de sa visite en Inde, le premier ministre Zhou Enlai transmit une lettre du président Mao Zedong aux Dalaï Lama et Panchen Lama, ainsi qu'aux principaux fonctionnaires du gouvernement local du Tibet qui les accompagnaient. Ce message révélait une décision de l'autorité centrale, selon laquelle la réforme n'aurait pas lieu durant six ans, et six ans plus tard, ce serait toujours en fonction de la réalité et des conditions réelles que l'on déciderait de l'effectuer ou non. Le 27 février 1957, dans son article De la juste solution des contradictions au sein du peuple, Mao Zedong indiqua clairement : « Conformément à l'Accord en dix-sept articles conclu entre le gouvernement populaire central et le gouvernement local du Tibet, la réforme du régime social y sera réalisée ; cependant, il ne faut pas se montrer impatient, la décision sur le moment où il conviendra de procéder à cette réforme ne pourra être prise que lorsque la grande majorité des masses tibétaines et des chefs du Tibet le jugeront possible. La décision a maintenant été prise de ne pas appliquer de réformes durant la période du deuxième plan quinquennal (1958 – 1962). Quant à la question de savoir si ces réformes seront réalisées au cours du troisième quinquennat (1963 – 1967), elle ne pourra être résolue qu'à la lumière de la situation du moment. » On peut dire que le gouvernement populaire central a fait preuve d'une très grande indulgence envers le groupe dirigeant de la couche supérieure du Tibet.

Pourtant, certaines personnes au sein du groupe dirigeant de la couche supérieure tibétaine s'opposaient fondamentalement à la réforme, dans l'espoir de protéger les intérêts acquis et les privilèges de la classe des propriétaires de serfs ainsi que de préserver à jamais le système de servage. Elles cherchaient à violer et à saper l'Accord en dix-sept articles, redoublaient d'efforts dans leurs activités séparatistes et déclenchaient des rébellions armées. En mars et avril 1952, avec le soutien secret de Sicab Lukangwa et Losang Shaxi, fonctionnaires du gouvernement local du Tibet, la « Conférence populaire », une organisation illégale, suscita des agitations à Lhasa, déclarant son opposition à l'Accord en dix-sept articles et demandant le retrait du Tibet des unités de l'Armée populaire de Libération. En mai 1955, le XIVe Dalaï Lama arriva dans la province du Sichuan avant de regagner le Tibet. Sous prétexte d'activités bouddhiques, Surkang Wangqing Geleg, kalon du gouvernement local du Tibet, et Yongzin Trigyang, assistant du maître des soutras du Dalaï Lama, suivirent respectivement la route du nord et celle du sud en passant par Garzê et Dêgê et par Qagchêng et Litang. En chemin, ils rencontrèrent les chefs de tribu locaux et les supérieurs des monastères et incitèrent l'opposition armée à la réforme démocratique. Sous prétexte d'accueillir le retour du Dalaï Lama, Gyale Choze, président de la « Conférence populaire » et quatre autres personnes se rendirent spécialement à Ya'an et à Kangding du Xikang (Kham) et, de concert avec Yongzin Trigyang, formèrent une alliance avec le supérieur du monastère Litang, les chefs de tribu réactionnaires et l'agent secret du Guomindang qui se cachait depuis longtemps dans le monastère Litang pour comploter une rébellion armée. En 1957, Lozang Samten (3e frère aîné du Dalaï Lama) incita Chimed Gonpo, chef de tribu de Jomda Dzong de Qamdo, à suivre les « instructions du Dalaï Lama » et à rassembler les forces rebelles pour déclencher une rébellion locale. En mai 1957, grâce au soutien des kalon du gouvernement local du Tibet, Neuxar Tubdain Tarbas et Xainga Gyurme Doje, une organisation rebelle Chushi Kangdruk (Quatre rivières, six montagnes) fut créée, puis des troupes rebelles qui se donnèrent le nom de Ten Dzong Ma Mi (Soldats de la forteresse de la foi). Les mutins scandèrent des slogans pour « l'indépendance du Tibet » et l'opposition à la réforme. Ils harcelèrent les régions de Qamdo, Dêngqên, Heihe et Shannan, détruisirent des routes, attaquèrent les organismes et les unités de l'armée que les autorités centrales avaient envoyés dans ces régions ; ils pillèrent des biens, tuèrent des cadres, persécutèrent des habitants et violèrent des femmes.

Par la suite, le gouvernement populaire central demanda à maintes reprises au gouvernement local du Tibet de punir les rebelles et de maintenir l'ordre public. Pourtant, la clique réactionnaire au sein de la couche supérieure du Tibet appréciait faussement la situation et considérait la patience et l'indulgence du gouvernement central comme une faiblesse dont elle pouvait tirer parti. Elle déclara : « Depuis neuf ans, les Han n'ont pas osé toucher à notre système qui est le plus beau et le plus sacré ; lorsque nous les attaquons, ils ne font que se défendre, sans avoir la force nécessaire pour lancer des contre-attaques. Si nous réussissons à expédier une importante force armée à Lhasa, les Han s'enfuiront dès notre première attaque ; s'ils résistent, nous amènerons le Dalaï Lama à Shannan, où nous concentrerons de nouveau nos forces pour déclencher un nouvel assaut, et nous prendrons la ville de Lhasa. Si, finalement, tout échoue, nous pourrons nous réfugier en Inde. »

Soutenue par les forces anti-chinoises à l'étranger, la clique réactionnaire au sein de la couche supérieure du Tibet complota soigneusement et déclencha, le 10 mars 1959, une rébellion armée générale à Lhasa. Le 7 février, le XIVe Dalaï Lama déclara à Deng Shaodong, commandant en chef adjoint de la zone militaire du Tibet, ainsi qu'à d'autres personnes : « On dit que l'Ensemble artistique de la zone militaire du Tibet, après ses études dans l'intérieur du pays, présente de nouveaux numéros très bons. Je voudrais assister à la représentation. Je vous prie d'en organiser une à mon intention. » Deng Shaodong et les autres donnèrent immédiatement leur accord, et prièrent le Dalaï Lama de fixer la date et le lieu de la représentation désirée. Ils informèrent par ailleurs les kalon dont Surkang et l'intendant du Dalaï Lama, Paglha Tubdain Weidain, de cet arrangement. Le 8 mars, le Dalaï Lama décida que le spectacle aurait lieu le 10, à 3 heures de l'après-midi, dans la grande salle de la zone militaire. Le soir du jour suivant, le miboin (fonctionnaire chargé de l'administration de l'ordre public de l'ancienne ville de Lhasa) déclara d'un ton démagogique aux habitants de Lhasa : Le Dalaï Lama se rendra demain dans la zone militaire pour un banquet et une représentation artistique ; les Han ont préparé un avion en vue de le kidnapper et de l'emmener à Beijing ; chaque famille doit donc envoyer des personnes au siège du Dalaï Lama à Norbulingka, pour lui adresser une pétition lui demandant de ne pas y aller. Le lendemain matin, les rebelles incitèrent avec force quelque 2 000 personnes à aller à Norbulingka, en répandant des bruits selon lesquels la zone militaire « complote d'empoisonner le Dalaï Lama », et en criant : « Le Tibet indépendant », « Chassons les Han », etc. Ils blessèrent sur-le-champ Sampo Cewang Rinzin, ancien kalon et commandant en chef adjoint de la zone militaire du Tibet, et ils lapidèrent à mort Kaingoin Pagbalha Soinam Gyamco, une personnalité patriote et membre du Comité préparatoire de la Région autonome du Tibet. Ils attachèrent ensuite le cadavre à la queue d'un cheval pour l'exposer dans le centre-ville de Lhasa. Puis, les chefs de file de la rébellion convoquèrent successivement l' « Assemblée populaire », la « Conférence populaire de l'Etat indépendant du Tibet », déchirèrent ouvertement l'Accord en dix-sept articles, proclamèrent l' « indépendance du Tibet » et déclenchèrent ainsi une rébellion armée générale.

Bien que Norbulingka fût alors contrôlé par les rebelles et qu'il fût très difficile de contacter le Dalaï Lama, le représentant de l'autorité centrale, Tan Guansan, lui adressa les 10, 11 et 15 mars trois lettres à l'aide de personnalités patriotes, lettres dans lesquelles il exprimait sa compréhension à l'égard de la situation du Dalaï Lama, sa préoccupation pour la sécurité de celui-ci, et soulignait que le gouvernement local du Tibet devait mettre tout de suite fin aux provocations armées des rebelles. Les 11, 12 et 16, le Dalaï Lama répondit trois fois à Tan Guansan, disant : « Les malfaiteurs réactionnaires, en prétextant assurer ma sécurité, cherchent à me compromettre, et je tente de les neutraliser. » « Les infractions à la loi des groupes de réactionnaires me plongent dans une immense inquiétude... Sous le prétexte de protéger ma sécurité, ils ont suscité des incidents graves pour saper les relations entre les autorités centrales et locales ; je fais l'impossible pour les régler. » Dans sa réponse du 16, il disait encore qu'il avait « éduqué » et « critiqué sévèrement » des fonctionnaires du gouvernement local, ajoutant qu'il se rendrait dans la zone militaire quelques jours plus tard. Cependant, le 17 mars au soir, le Dalaï Lama et les chefs de file de la rébellion, comme les kalon Surkang, Neuxar et Xaisur, quittèrent Lhasa et se rendirent à Shannan, « base d'appui » de la rébellion armée. Après la défaite de celle-ci, ils se réfugièrent tous en Inde.

Quand le Dalaï Lama quitta Lhasa, les rebelles mobilisèrent 7 000 hommes pour lancer une attaque générale, le 20 mars, au petit matin. Poussées à bout, les troupes de l'Armée populaire de Libération à Lhasa reçurent l'ordre de riposter, à 10 heures du matin. Bénéficiant du soutien des peuples de différentes ethnies tibétaines, ces troupes, fortes d'un millier d'hommes, apaisèrent la rébellion armée en deux jours dans la région de Lhasa, puis les activités rebelles des autres régions du Tibet.

Tout comme l'a formulé le président Mao Zedong : « Le complot de rébellion du Dalaï Lama a débuté en 1955, après son retour de Beijing. Il a été préparé pendant les deux années qui ont suivi son retour d'Inde, début 1957. » Après leur fuite à l'étranger en 1959, le XIVe Dalaï Lama et son groupe politique fondèrent ouvertement le soi-disant « gouvernement tibétain en exil », proclamèrent ouvertement l' « indépendance du Tibet » et reconstituèrent des forces armées rebelles. Ils procédèrent, pendant de longues années, à des harcèlements militaires à la frontière chinoise, s'adonnèrent pendant longtemps à des activités anti-chinoises dans le monde et suscitèrent des agitations au Tibet et dans d'autres régions habitées par les Tibétains.

Dès son début, la rébellion armée au Tibet a bénéficié du soutien des forces anti-chinoises étrangères. Selon le reportage d'un journal occidental datant du 26 janvier 1971, des rebelles Chushi Kangdruk (Quatre rivières, six montagnes) avaient été entraînés sur une île de l'océan Pacifique par un service secret. Ce service avait sélectionné, entre 1956 et 1957, plus de 170 rebelles et les avait envoyés à la « base d'entraînement des guérilleros khampas » pour leur donner un entraînement. Plusieurs centaines de Tibétains furent parachutés au Tibet. Chacun tenait à la main une mitrailleuse et portait une petite boîte d'or contenant la photo du Dalaï Lama. 2 000 guérilleros tibétains furent entraînés par ce service secret. En juillet 1958 et en février 1959, ce service parachuta une certaine quantité d'armes aux rebelles Chushi Kangdruk (Quatre rivières, six montagnes), dont : 403 fusils, 20 mitrailleuses légères, 60 malles de grenade, ainsi que plusieurs sacs de roupie indienne. En novembre 1958, un premier convoi d'armes et de munitions, dirigé par ce service secret, fut acheminé par 226 chevaux et livré aux rebelles de Shannan, en passant par la région occupée par l'Inde, au sud de la ligne Mac-Mahon. En janvier de l'année suivante, un autre convoi fut acheminé par 40 chevaux en passant par le Népal. Ce service secret parachuta, une trentaine de fois, 250 tonnes de munitions aux rebelles du Kham, y compris 10 000 fusils M-1, des pistolets-mitrailleurs, des canons légers 57 et des mitrailleuses antiaériennes. Selon l'article d'un autre journal occidental datant du 16 août 1999, un pays occidental parachuta, de 1957 à 1960, plus de 400 tonnes de matériaux aux guérilleros tibétains. « Le montant des dépenses destinées aux opérations tibétaines pouvait atteindre 1,7 million de dollars américains par an. »

Durant la fuite du Dalaï Lama, un avion transformé par ce service secret lui parachuta des matériaux sur son chemin, prit contact par radio avec les troupes rebelles et les postes secrets des alentours, et consigna le processus de sa fuite. Le reportage d'un journal de Hongkong datant du 11 février 1974 a révélé que selon les dires du personnel qui participait à cette action, le départ du Dalaï Lama avait été comploté par les services secrets d'un pays occidental. Un avion-espion de ce pays pénétra le Tibet sur une distance de plusieurs centaines de miles anglais pour couvrir la fuite du Dalaï Lama. Il lui parachuta des vivres, des cartes, des postes de radio et de l'argent, mitrailla des positions chinoises et filma cette action.

Etant donné que la clique réactionnaire au sein de la classe supérieure du Tibet s'engageait sur la voie de la trahison de la patrie, le premier ministre Zhou Enlai émit, le 28 mars 1959, un ordre du Conseil des Affaires d'Etat, décidant de dissoudre le gouvernement local du Tibet. Le Comité préparatoire de la Région autonome du Tibet devait exercer les pouvoirs des autorités locales, et le Xe Panchen Lama, faire office de directeur. En même temps, le gouvernement populaire central annonçait son objectif d' « apaiser la rébellion tout en procédant à des réformes ». Il dirigea le peuple tibétain pour lancer un mouvement de réforme démocratique de grande envergure et détruisit radicalement le servage féodal théocratique, donnant ainsi le droit à un million de serfs et d'esclaves de devenir maîtres de leur destin.

--L'abolition de l'oppression et de l'exploitation du servage féodal et l'émancipation d'un million de serfs et d'esclaves. Après avoir apaisé la rébellion au Tibet, le gouvernement central a dissous, en 1959, le pouvoir du kashag qui avait opprimé le peuple tibétain pendant plusieurs centaines d'années ainsi que son armée, ses tribunaux et ses prisons, et abrogea les codes et la torture cruelle du Tibet ancien. Puis il lança de façon planifiée et organisée une campagne de lutte contre la rébellion, les services de corvée et l'esclavage ainsi que pour la réduction des fermages et des taux d'intérêts dans les régions agricoles. Il lança ensuite une campagne de lutte contre la rébellion, les services de corvée et l'esclavage et pour les intérêts des gardiens de troupeau et des propriétaires de troupeaux dans les régions d'élevage, une campagne de lutte contre la rébellion, les privilèges féodaux et l'oppression féodale et pour le dressage d'un bilan des persécutions politiques et hiérarchiques et de l'oppression économique dans les temples et monastères. Enfin il lança une campagne de lutte contre la rébellion, le système féodal, l'exploitation féodale et les privilèges féodaux et pour la réduction des fermages et du taux d'intérêt dans les villes et bourgs. Il procéda à des réformes démocratiques par étape et par groupe dans les régions frontalières et abolit radicalement la relation dépendante entre les serfs et esclaves et les propriétaires de serfs, le système féodal, l'exploitation féodale, les privilèges féodaux, les services de corvée et le prêt usuraire.

Un million de serfs et d'esclaves ont été émancipés, devenant ainsi les maîtres du territoire tibétain. La sécurité de leur vie et leur liberté individuelle ont été garanties par la Constitution et la loi de la République populaire de Chine. Ils ont été libérés de l'oppression politique, du travail forcé, des traitements inhumains, des services de corvée, des impôts et des prêts usuraires imposés par les propriétaires de serfs. Nyima Tsering, premier directeur de l'Association des paysans élu au Tibet durant la réforme démocratique, avait lui-même été un serf ayant appartenu à Surkhang Wangchen Gelek, kalon du gouvernement local du Tibet. « Nyima Tsering est ma propriété privée. Je suis maître de son destin », avait dit Wangchen Gelek. Après la réforme démocratique, Nyima Tsering avait déclaré : « Maintenant, c'est la loi qui protège ma liberté individuelle. Je ne suis plus le bien privé de quelqu'un. Je suis libre comme l'air. » Tsering Lhamo avait aussi été serve pendant trente ans. Après la réforme démocratique de 1959, elle organisa le premier « groupe d'entraide de nangzan » dans le canton de Gyêrba, district de Nêdong, région de Shannan, et assuma plus tard la fonction de vice-présidente du Comité permanent de l'Assemblée populaire nationale de la Région autonome du Tibet.

--La mise en application de la réforme agraire et l'abolition de la propriété foncière des propriétaires de serfs féodaux ont permis aux serfs et aux esclaves de devenir propriétaires terriens. Le 21 septembre 1959, le Comité préparatoire de la Région autonome du Tibet a adopté la « Résolution sur l'abolition de la propriété foncière des propriétaires de serfs et l'application de la propriété foncière des paysans », décidant de confisquer les terres et autres moyens de production des propriétaires de serfs qui avaient participé à la rébellion et de les distribuer aux serfs et esclaves. Les terres et autres moyens de production appartenant aux propriétaires de serfs qui n'avaient pas participé à la rébellion ont été rachetés par l'Etat et distribués ensuite aux serfs et aux esclaves. Selon des statistiques, l'Etat a dépensé, durant la réforme démocratique, plus de 45 millions de yuans destinés au rachat de 60 000 ha de terres et de plus de 820 000 bestiaux appartenant à plus de 1 300 propriétaires de serfs et agents qui n'avaient pas participé à la rébellion. Plus de 186 000 ha de terres appartenant aux propriétaires de serfs ont été confisquées, rachetées puis distribuées aux 800 000 serfs et esclaves de 200 000 foyers, soit 0,23 ha de terres par personne. Le peuple travailleur, esclave de génération en génération, a fêté avec allégresse sur ses terres en criant : « Le Dalaï Lama rayonne sur les aristocrates ; et Mao Zedong, sur nous les pauvres. Le soleil du Dalaï Lama s'est maintenant couché, et le nôtre se lève. »

Un million de serfs et d'esclaves tibétains ont pu posséder pour la première fois des terres et autres moyens de production, montrant une ardeur de production et de vie sans précédent, et changeant ainsi rapidement la physionomie sociale et les conditions de vie au Tibet. Selon des statistiques, en 1960, année où a été achevée pour l'essentiel la réforme agraire, la production totale de céréales de toute la région du Tibet a augmenté de 12,6 % par rapport à 1959 et de 17,5 % par rapport à 1958, année précédant la réforme agraire ; le nombre de têtes de bétail a augmenté de 10 % par rapport à 1959. Durant la réforme démocratique ont vu le jour au Tibet la première coopérative d'approvisionnement et de vente, la première coopérative de crédit rurale, la première école primaire privée, le premier cour du soir, le premier cours d'alphabétisation, la première équipe de projection de films ainsi que le premier établissement médical et sanitaire. Fin 1959, 28 comités d'habitants ont été créés dans la ville urbaine de Lhasa, fournissant successivement du travail à plus de 8 700 vagabonds et mendiants, assistant plus de 8 500 pauvres qui étaient dans la gêne et recueillant plus de 120 orphelins, personnes âgées, malades et handicapés. En 1960, la Centrale hydro-électrique de Ngaqên a été construite et mise en service. Les habitants de Lhasa ont utilisé pour la première fois la lampe électrique. De 1959 à 1960, plusieurs dizaines de petites usines modernes ont été créées au Tibet, apportant ainsi une formation à plus de 20 000 ouvriers tibétains. Les routes desservaient 90 % de districts. La longueur des routes en service dépassait les 12 500 km.

--L'abolition de la théocratie, la séparation du temporel et du spirituel, et l'application de la liberté de croyance religieuse. Durant la réforme démocratique, tous les moyens de production des temples et monastères qui avaient participé à la rébellion, aussi bien terres que bêtes de labour, ont été confisqués ; ceux des temples et monastères qui n'avaient pas participé à la rébellion, rachetés. D'une part, il avait été clairement stipulé qu'il fallait protéger sérieusement la liberté de croyance religieuse, les temples et monastères patriotiques et respectueux de la loi, la liberté de devenir bonze ou bonzesse et celle de recommencer une vie séculière, les activités religieuses normales, les temples et monastères ayant une signification historique, les vestiges et monuments historiques, d'autre part a été mis en application le principe dit de « l'unité politique, la liberté de croyance religieuse, la séparation du temporel et du spirituel ». Les privilèges féodaux des temples et monastères sur le plan politique et économique, le servage, l'exploitation féodale, l'esclavage par les temples et monastères, la gestion féodale et la hiérarchie au sein des temples et monastères ont été abolis et l'égalité politique entre les différentes sectes a été garantie. Une gestion démocratique a été appliquée à l'égard des fonds et des biens publics des temples et monastères, destinés à la production et aux dépenses courantes et d'activités religieuses normales des bonzes et bonzesses. La terre distribuée aux temples et monastères selon la capacité de travail des bonzes et bonzesses a été gérée et exploitée d'une façon unifiée par leur comité de gestion. Au moment où la recette des temples et monastères est devenue inférieure à la dépense normale, une subvention a été accordée par le gouvernement. Grâce à la réforme démocratique, tous les temples et monastères du Tibet ont établi un comité de gestion pour mettre en application une gestion démocratique. La réforme démocratique a purifié la religion salie par le servage féodal et révélé le vrai visage de la religion, protégeant de façon efficace la liberté de croyance religieuse du peuple tibétain et posant les bases pour la mise en application du système politique de la démocratie populaire au Tibet.

--La mise en place du pouvoir démocratique populaire et la garantie pour le peuple du droit de maîtriser son propre destin. Après l'abolition du servage féodal, les peuples émancipés des différentes ethnies tibétaines ont établi un pouvoir démocratique populaire. Fin 1960, un pouvoir populaire a été établi dans 1 009 cantons, 283 arrondissements, 78 districts (arrondissements au niveau des districts) et 8 préfectures (municipalités). Les cadres tibétains et des autres ethnies minoritaires comptaient plus de 10 000 personnes. Parmi eux, tous les cadres au niveau des cantons et 90 % des cadres au niveau des arrondissements étaient des Tibétains. Plus de 300 cadres tibétains ont assumé la fonction de direction à un niveau supérieur à celui du district. Plus de 4 400 serfs et esclaves émancipés sont devenus des cadres inférieurs. En 1961, une élection au suffrage universel a eu lieu dans les différentes régions tibétaines. Les serfs et esclaves d'autrefois ont obtenu pour la première fois le droit de devenir maître de leur propre destin. Un million de serfs et d'esclaves émancipés en habits de fête ont brandi un hada à deux mains et pris part au vote avec joie. Avec un enthousiasme politique et en ayant conscience d'une haute responsabilité, ils ont exercé leur droit politique. Les organes du pouvoir et les gouvernements aux échelons de base ont été créés. En août 1965, le travail d'élection au niveau des cantons et des districts a été achevé au Tibet. 1 359 cantons et bourgs ont procédé à une élection. 567 cantons et bourgs ont convoqué une session de l'assemblée populaire. Un pouvoir populaire au niveau des cantons, constitué principalement par les serfs et esclaves émancipés, a été établi dans 92 % de régions du Tibet. 54 districts ont convoqué la première assemblée populaire, élisant ainsi le chef et les chefs adjoints du district et établissant le comité populaire du district. En septembre 1965, a eu lieu la première Assemblée populaire de la Région autonome du Tibet, durant laquelle a été officiellement proclamée la Région autonome du Tibet. Parmi les 301 représentants assistant à l'Assemblée, les délégués tibétains et des autres ethnies minoritaires représentaient une part de plus de 80 %, et les patriotes et les religieux de la classe supérieure du Tibet, une part de plus de 11 %. Les représentants tibétains étaient pour la plupart des serfs ou des esclaves émancipés. La mise en place du pouvoir démocratique populaire a débouché sur une garantie politique énergique concernant le droit du peuple tibétain à maîtriser son propre destin.

Grâce à une réforme démocratique de grande envergure, le servage féodal qui a été appliqué pendant plusieurs siècles a été anéanti en l'espace de quelques années, nettoyant toutes les saletés laissées par l'ancienne société. Un million de serfs et d'esclaves ont été émancipés sur le plan politique, économique et social ; la société tibétaine a pris une physionomie toute nouvelle, inaugurant ainsi une ère nouvelle dans le développement du Tibet. C'est un changement important en termes de progrès sociaux et de développement des droits de l'homme au Tibet, marquant ainsi un nouveau point de départ pour le développement accéléré de la société tibétaine.

III. Les grands changements historiques du Tibet depuis un demi-siècle

Au cours des 50 dernières années suivant la réforme démocratique, avec la sollicitude du gouvernement populaire central et le soutien de la population nationale, une grande ardeur pour créer une belle vie a jailli de la population multiethnique du Tibet qui, maîtresse de son propre destin, a poussé l'économie et la société tibétaines à accomplir un développement considérable. Des succès de portée historique ont été remportés dans tous les domaines, attirant le regard du monde.

--Le progrès historique du système social a permis au peuple tibétain de jouir du droit de maîtriser son propre destin. La fondation de la Région autonome du Tibet en 1965 a marqué la mise en place totale d'un système d'autonomie régionale ethnique au Tibet, permettant ainsi au régime social tibétain de réaliser une transition de portée historique, d'un servage féodal théocratique à un régime socialiste de démocratie populaire. Depuis, la population tibétaine est entrée dans une nouvelle ère dans laquelle elle maîtrise son propre destin. Les serfs et esclaves d'antan jouissent dorénavant des droits politiques leur permettant de participer sur un pied d'égalité à la gestion des affaires d'Etat, et à la gestion autonome des affaires de leur propre région et ethnie. La population tibétaine, à l'exemple des populations multiethniques du pays, a acquis tous les droits définis par la Constitution et les lois du pays. Les Tibétains élisent directement, en vertu de la loi, les représentants aux assemblées populaires aux échelons du district, de l'arrondissement, du canton et du bourg ; ces derniers élisent ensuite les représentants participant aux assemblées populaires aux échelons de l'Etat, de la Région autonome et de la municipalité. Conformément à la loi, ils décident de l'exercice, par les assemblées populaires aux divers échelons, des droits de participation à la gestion des affaires nationales et locales. En 2007 au Tibet, pendant les élections pour le renouvellement des assemblées populaires aux échelons de la Région autonome, de la préfecture (municipalité), du district et du canton (bourg), le taux de participation au vote a atteint 96,4 %, voire 100 % dans certaines régions. Parmi les 34 000 représentants élus directement ou indirectement, répartis dans les assemblées populaires aux quatre échelons indiqués ci-dessus, les Tibétains et les autres ethnies minoritaires occupent plus de 94 % des postes. Pour le moment, parmi les députés de l'Assemblée populaire nationale, 20 représentent la Région autonome du Tibet ; parmi ceux-ci, on compte 12 Tibétains, 1 Monba et 1 Lhoba.

Le droit de la population tibétaine à la gestion autonome des affaires de son ethnie et de sa région est garanti. Depuis 1965, les fonctions du président du comité permanent de l'assemblée populaire et du président du gouvernement populaire de la Région autonome du Tibet sont toujours assumées par des citoyens tibétains ; il en est de même pour les principaux dirigeants des comités permanents de l'assemblée populaire et des gouvernements aux divers échelons. Au sein de la Région autonome du Tibet, les fonctions des principaux responsables des parquets et des tribunaux aux divers échelons sont également assumées par des citoyens tibétains. Pour le moment, parmi le personnel des organismes d'Etat aux échelons de la Région autonome, de la préfecture (municipalité) et du district, les Tibétains et les autres ethnies minoritaires occupent 77,97 % des postes.

La Région autonome du Tibet jouit non seulement du droit à l'élaboration des règlements locaux, droit propre à l'organisme d'Etat à l'échelon provincial, mais elle a aussi le droit, en fonction de ses caractéristiques politiques, économiques et culturelles, de décider de ses propres affaires, d'élaborer des règlements autonomes et spéciaux. Au cas où les résolutions, les décisions, les instructions ou les ordres donnés par l'organisme d'Etat supérieur ne conviendraient pas à la réalité locale du Tibet, l'organisme autonome du Tibet peut les exécuter en les adaptant aux circonstances ou cesser leur exécution après les avoir soumis à une ratification. Selon les statistiques, le comité permanent de l'assemblée populaire de la Région autonome a élaboré, depuis 1965, plus de 250 règlements locaux, résolutions et décisions à caractère réglementaire concernant l'édification du pouvoir d'Etat, le développement économique, la culture, l'éducation, la langue et l'écriture, la justice, la protection des objets anciens, des animaux et plantes sauvages ainsi que des ressources naturelles. Cela a défendu de manière efficace les droits et intérêts particuliers de la population tibétaine en matière de vie politique, économique et sociale, et stimulé le développement de diverses causes sociales au Tibet.

--L'édification économique a connu un développement prodigieux, les aspects sociaux changent de jour en jour. Au cours des 50 dernières années, le gouvernement central, dans le but de promouvoir le développement économique et social du Tibet, a mis en application là-bas une série de politiques préférentielles et a accordé un appui énergique en matière de ressources financières, matérielles et humaines. Selon les statistiques, rien que sur le plan de la construction des infrastructures, de 1951 à 2008, l'Etat a investi un montant total de plus de 100 milliards de yuans au Tibet. De 1959 à 2008, le transfert de paiement que le gouvernement central a accordé aux finances tibétaines s'est élevé à plus de 201,9 milliards de yuans, soit une augmentation annuelle et moyenne de presque 12 %. Parmi cette somme, l'affectation totale effectuée de 2001 à 2008 s'est élevée à plus de 154,1 milliards de yuans. Depuis 1994, le gouvernement central a successivement mobilisé plus de 60 organismes d'Etat qui dépendent de lui, 18 provinces et municipalités relevant directement de l'autorité centrale ainsi que 17 entreprises relevant de l'autorité centrale, afin qu'ils contribuent sous forme de partenariat à l'édification économique du Tibet. Jusqu'à fin 2008, les fonds investis pour assister le Tibet sous forme de partenariat se sont élevés à un montant total de 11,128 milliards de yuans ; 6 056 projets visant à assister le Tibet sous forme de partenariat ont été établis ; 3 747 cadres ont été envoyés travailler au Tibet. Avec la sollicitude du gouvernement central et l'appui de toute la nation, l'économie et la société tibétaines ont connu un essor prodigieux. Selon les statistiques, le produit intérieur brut (PIB) du Tibet est passé de 174 millions de yuans en 1959 à 39,591 milliards en 2008. Sur la base d'un calcul des prix comparables, il s'agit d'une augmentation 65 fois plus élevée et d'une croissance annuelle de 8,9 % en moyenne. Depuis 1994, la croissance annuelle du PIB tibétain a atteint 12,8 % en moyenne, croissance plus élevée que celle de toute la nation pendant la même période. De 1959 à 2008, le PIB par habitant du Tibet est passé de 142 yuans à plus de 13 861 yuans, soit une augmentation de 13 719 yuans.

Le Tibet ancien n'avait pas de route, tandis qu'aujourd'hui, un réseau de transport et de communication, avec Lhasa pour centre, rayonne dans toutes les directions. A la construction accélérée des routes, s'ajoute un développement harmonieux de l'aviation, du chemin de fer et du transport par tube. En 2008, presque tous les districts du Tibet étaient desservis par des routes, d'une longueur totale atteignant les 51 300 km, soit une augmentation de 44 000 km par rapport à l'année 1959 où la longueur totale était de 7 300 km. De 1959 à 2008, le transport de passagers a été multiplié par 108, et le transport de marchandises, par 12. Un système énergétique d'une grande couverture a été créé progressivement, avec l'hydroélectricité pour composante principale, et au sein duquel la géothermie, l'énergie éolienne et l'énergie solaire se complètent les unes les autres. De 1959 à 2008, la production d'électricité au Tibet a augmenté de 16,8 % par an en moyenne. Pour le moment, l'électricité est accessible à presque 2,1 millions d'habitants, soit 73 % de la population totale du Tibet. Grâce à la popularisation des énergies propres dans les régions rurales, 43 000 foyers de paysans et pasteurs ont pu accéder à l'utilisation du méthane. Avec le développement rapide de la télécommunication, presque tous les districts sont desservis par des câbles à fibre optique, et tous les cantons par la téléphonie. Le nombre total d'usagers du téléphone fixe et mobile s'élève à 1,562 million, et la quantité de diffusion de téléphones a atteint les 55 pour cent habitants.

Dans le Tibet ancien, l'agriculture et l'élevage dépendaient essentiellement des conditions climatiques. Aujourd'hui, leur niveau de modernisation a été augmenté dans de fortes proportions, et leur capacité de prévention et de lutte contre les catastrophes naturelles renforcée considérablement ; le taux de la contribution scientifique et technologique a atteint 36 %. La production céréalière est passée de 182 900 tonnes en 1959 à 950 000 tonnes en 2008 ; la production céréalière par hectare, de 1 365 kg à 5 550 kg ; le cheptel de bétail vers la fin de l'année, de 9,56 millions à 24 millions. Dans le Tibet ancien, il n'y avait pas d'industrie moderne, tandis que dans le Tibet actuel, a été mis essentiellement en place un système industriel moderne aux caractéristiques tibétaines, basé sur les industries minières, de matériaux de construction, d'artisanat ethnique et de pharmaceutique tibétaine. Ce système comprend aussi l'industrie électrique, la transformation des produits agricoles et d'élevage, la transformation de boissons et d'aliments. En 2008, la valeur ajoutée de l'industrie tibétaine a atteint les 2,968 milliards de yuans contre 15 millions de yuans en 1959. Le commerce moderne, le tourisme, la restauration et l'industrie du divertissement, industries émergentes totalement inconnues dans le Tibet ancien, se développent à pas de géant et sont devenus des secteurs leaders au Tibet.

--Avec l'élévation du niveau de vie de la population dans de fortes proportions, les conditions d'existence et de développement ont connu une amélioration considérable. Avant la réforme démocratique, les paysans et pasteurs tibétains n'avaient pas de moyens de production. Il est inutile d'aborder la question de leur revenu net puisqu'ils s'endettaient presque à vie. En 2008, les paysans et pasteurs tibétains ont bénéficié d'un revenu net par habitant de 3 176 yuans. Ce revenu a augmenté de 10,1 % en moyenne depuis 1978, et de 13,1 % depuis 2003. En 2008, le revenu disponible par citadin tibétain a atteint 12 482 yuans, soit 22 fois plus élevé qu'en 1978 où il n'était que de 565 yuans. Avant la réforme démocratique, plus de 90 % des Tibétains ne possédaient pas leur propre logement ; les conditions d'habitation des paysans et pasteurs étaient misérables ; la surface d'habitation par citadin était inférieure à 3 m². La ville de Lhasa de cette époque ne comptait que 20 000 habitants, alors qu'un millier de foyers démunis et de mendiants vivaient dans des tentes délabrées aux alentours. Aujourd'hui, les conditions d'habitation de la population tibétaine ont connu une amélioration considérable. Avec la progression de la construction de la nouvelle ruralité et la mise à exécution d'un projet de logement décent, un million de paysans et pasteurs représentant 200 000 foyers se sont installés dans de nouveaux logements sûrs et pratiques. En 2008, la surface d'habitation par habitant rural a atteint 22,83 m², et celle par citadin, 33 m². A l'heure actuelle, un système de sécurité sociale a été essentiellement mis en place dans les villes comme dans les campagnes. En 2008, la norme tibétaine visant à pourvoir aux besoins d'un paysan en le faisant bénéficier des cinq garanties (nourriture, habillement, chauffage, soins médicaux et sépulture) a généré un coût de 1 600 yuans. En 2006, les paysans et pasteurs dont le revenu par personne était inférieur à 800 yuans ont tous été intégrés au système de garantie du minimum vital. Le Tibet a été le premier, au niveau national, à établir un système de garantie du minimum vital dans les régions agricoles et pastorales.

Avant la libération pacifique, il n'y avait pas un seul établissement médical et sanitaire moderne au Tibet. Il existait seulement trois établissements publics de médecine tibétaine, de petite taille et dotés d'équipements rudimentaires, ainsi qu'une petite quantité de cliniques privées dans lesquelles le personnel médical comptait moins de 100 personnes. Avec 300 médecins populaires qui déambulaient dans les régions agricoles et pastorales, le personnel médical dans toute la région du Tibet représentait moins de 0,4 pour mille habitants. Les maladies telles que la variole, le choléra, les maladies vénériennes, le typhus exanthématique, la scarlatine et le tétanos sévissaient fréquemment. Après la libération pacifique, et surtout après la réforme démocratique, le gouvernement chinois a pris diverses mesures pour prévenir les maladies, si bien que peu de temps après, des maladies gravement nuisibles pour la santé de la population ont pu être contrôlées pour l'essentiel. Depuis les années 1960, la variole a été éradiquée au Tibet, et la fréquence des cas de diverses maladies contagieuses et endémiques a diminué considérablement. Aujourd'hui, le Tibet a été le premier, au niveau national, à assurer une couverture totale d'assurance médicale pour les citadins. Il a établi progressivement un système médical basé sur les soins médicaux gratuits dans les régions agricoles et pastorales. La subvention par tête pour les soins médicaux gratuits des paysans et pasteurs a atteint 140 yuans. En 2008, on comptait en tout 1 339 établissements médicaux au Tibet, soit 1 277 de plus par rapport à 1959 ; on dénombrait 7 127 lits, soit 6 647 de plus par rapport à 1959 ; les techniciens sanitaires étaient au nombre de 9 098, soit une augmentation de 8 307 par rapport à 1959. Le nombre de lits et de techniciens sanitaires pour mille habitants est passé respectivement à 2,50 et à 3,05, soit une augmentation respective de 2,11 et de 2,41. Avec l'amélioration des conditions médicales et sanitaires, l'espérance de vie des Tibétains est passée à 67 ans contre 35,5 ans à l'époque de la libération pacifique. Selon les résultats du 5e recensement national effectué en 2000, on comptait au Tibet 13 581 personnes âgées de 80 à 99 ans, et 62 personnes âgées de 100 ans et plus, ce qui fait du Tibet l'une des régions chinoises comptant le plus grand nombre de centenaires. La population totale du Tibet est passée de 1 228 000 habitants en 1959 à 2 870 800 en 2008, les Tibétains et autres ethnies minoritaires représentant plus de 95 %. Les 50 dernières années constituent la période de croissance démographique la plus accélérée du Tibet depuis ces derniers siècles.

--La culture ethnique traditionnelle a été protégée et mise en valeur, la liberté de croyance religieuse suffisamment respectée. Le gouvernement a adopté des mesures énergiques pour encourager l'étude, l'emploi et le développement de la langue tibétaine. Au Tibet, on attache autant d'importance à la langue chinoise qu'à la langue tibétaine tout en prenant cette dernière pour langue principale. Pour le moment, dans les écoles primaires de toutes les régions agricoles et pastorales, et de certaines villes et bourgs, les cours sont dispensés simultanément en tibétain et en chinois, et les cours principaux, en langue tibétaine. De même, dans les écoles secondaires, les cours sont dispensés simultanément en tibétain et en chinois ; par ailleurs, on persiste à ouvrir un cours de langue tibétaine dans les écoles secondaires tibétaines situées dans le reste du pays. Pour les concours d'admission dans les établissements d'enseignement supérieur et dans les écoles secondaires professionnelles, la langue tibétaine fait partie des épreuves obligatoires, la note étant incluse dans la moyenne. Depuis la fondation de la Région autonome du Tibet, les résolutions et les règlements adoptés par les assemblées populaires aux divers échelons, les documents officiels et les communiqués publiés par les gouvernements aux divers échelons et par leurs départements sont tous en tibétain et en chinois. Au cours d'un procès impliquant un ou des Tibétains, le jugement et les actes judiciaires sont obligatoirement en langue tibétaine. Les sceaux officiels, les papiers et les logos de toutes les unités sont tous en tibétain et en chinois ; il en est de même pour les enseignes des institutions, des usines, des mines, des écoles, des stations et arrêts, des aéroports, des magasins, des hôtels, des restaurants, des théâtres, des sites touristiques, des palais de sports et des bibliothèques ainsi que pour les poteaux indicateurs de rue et les panneaux de signalisation. Depuis sa création en 1959, la Station de radiodiffusion populaire du Tibet met toujours l'accent sur les émissions en langue tibétaine. Elle dispose aujourd'hui de 42 rubriques en tibétain et en kham. Sa chaîne d'actualités en tibétain émet 21 h 15 mn par jour ; sa chaîne en kham, 17 h 50 mn. Après son ouverture, la chaîne satellitaire de la Station de télévision du Tibet a ouvert spécialement une chaîne en langue tibétaine. Celle-ci a réalisé, le premier octobre 2007, une rediffusion en boucle pendant 24 heures. A l'heure actuelle, on compte au Tibet 14 revues et 10 journaux en langue tibétaine. En 1984, le traitement informatisé de la langue tibétaine a été mis en place, et un système d'opération en langue tibétaine compatible avec le chinois et l'anglais a pu être exploité. La norme internationale pour l'encodage de l'écriture tibétaine a été adoptée en 1997, si bien que le tibétain est devenu la première écriture dotée d'une norme internationale parmi toutes les écritures des ethnies minoritaires chinoises.

Le patrimoine culturel de l'ethnie tibétaine a été protégé, transmis et développé de manière efficace. L'Etat a organisé la rédaction et la publication de volumes spéciaux traitant du Tibet, dont dix grandes collections littéraires et artistiques concernant : les opéras traditionnels de Chine ; les ballades populaires de Chine ; les danses populaires ethniques ; les proverbes ; les spectacles populaires ; les chansons populaires ethniques ; la musique pour les opéras traditionnels et les contes populaires. Cela a permis de sauver et protéger efficacement et en temps voulu une grande quantité du patrimoine culturel important du Tibet. L'Etat a financé, en tant que projet clé de la recherche scientifique, le collationnement et la publication du Roi Gesar, une grande épopée héroïque composée de chansons et de paroles. Actuellement, plus de 300 recueils ont été collationnés ; 62 recueils en tibétain publiés ; plus de 20 recueils traduits en chinois ; plusieurs autres recueils traduits en anglais, japonais et français. Après la réforme démocratique, le palais du Potala, les monastères Jokhang, Ganden, Sera, Drepung, Tashilhunpo et Sagya ont été tous classés parmi les principaux sites et monuments historiques à conserver au niveau national. Depuis les années 1980, le gouvernement central et le gouvernement local du Tibet ont affecté successivement plus de 700 millions de yuans à la restauration et à l'ouverture d'un certain nombre de sites et monuments historiques à conserver au niveau national ainsi que des principaux monastères de diverses sectes bouddhiques. De 1989 à 1994, l'Etat a fourni 55 millions de yuans et une grande quantité de matériaux précieux, en or et en argent par exemple, pour l'entretien de grande envergure du palais du Potala. A partir de 2001, il a affecté une nouvelle fois une somme spéciale de 330 millions de yuans à l'entretien des trois grands sites historiques que sont le Potala, le Norbulingka et le Sagya. En 2007, le gouvernement central a de nouveau affecté 570 millions de yuans à la protection et à l'entretien de 22 principaux sites et monuments historiques à conserver au Tibet pendant la période du XIe plan quinquennal (2006-2010). C'est un événement sans précédent dans l'histoire chinoise de la protection des monuments historiques.

La liberté de croyance religieuse parmi la population tibétaine et ses activités religieuses normales font l'objet d'une protection. Pour le moment, on dénombre au Tibet plus de 1 700 lieux d'activités religieuses de toutes sortes avec 46 000 bonzes et bonzesses, ce qui satisfait suffisamment les besoins de la population croyante. Il existe de nombreuses activités religieuses traditionnelles dans les monastères telles que l'explication des canons bouddhiques, le débat sur les questions religieuses, l'initiation au bouddhisme, la bénédiction et la pratique de l'ascèse ainsi que le système de la montée en grade des bonzes et bonzesses par le biais d'un examen après leurs études des canons. Selon des statistiques, on compte à l'heure actuelle au Tibet plus de 60 cours d'explication des canons bouddhiques comprenant 6 000 stagiaires. Le système de réincarnation des bouddhas vivants, en tant que mode de transmission propre au bouddhisme tibétain, est hautement respecté par l'Etat. Les activités religieuses au Tibet sont assez variées, et les fêtes religieuses ont lieu fréquemment. Depuis les années 1980, plus de 40 fêtes religieuses de tous types, propres à différentes sectes bouddhiques, ont été successivement rétablies au Tibet. La population croyante, ecclésiastique et laïque, organise et participe tous les ans à diverses activités religieuses et traditionnelles telles que le festival de Saga Dawa et Xodoin (fête du yaourt).

--Avec le développement général de l'éducation moderne, de la presse, des médias et de la cause culturelle, le niveau d'instruction de la population ne cesse de s'élever. Le Tibet ancien ne disposait d'aucune école au sens moderne du terme, le taux de scolarisation des enfants d'âge scolaire était de moins de 2 %, et le taux d'analphabétisme s'élevait à 95 %. Au cours des 50 dernières années, l'Etat a investi une somme colossale de fonds pour favoriser le développement de la cause éducative au Tibet, si bien que le Tibet a été le premier à mettre en place, au niveau national, l'éducation obligatoire gratuite dans les villes comme dans les campagnes. A partir de 1985, le mode de gestion des écoles primaires et secondaires basé principalement sur le régime de l'internat a été mis en place dans les régions agricoles et pastorales, et une politique de « trois prises en charge » (nourriture, hébergement et frais scolaires) a été mise en application en faveur des enfants de paysans et de pasteurs pendant la période de l'éducation obligatoire. En 2008, au Tibet, l'éducation obligatoire pendant six ans et l'éradication de l'analphabétisme ont abouti pour l'essentiel dans 73 districts (municipalités et arrondissements) dont 70 ont mis en place l'éducation obligatoire pendant neuf ans et réduit leur taux d'analphabétisme à 2,4 %. Le taux de scolarisation des enfants d'âge scolaire pour les écoles primaires a atteint 98,5 % ; celui pour les écoles secondaires du premier cycle, 92,2 % ; celui pour les écoles secondaires du deuxième cycle, 51,2 %. Selon les statistiques, on dénombre actuellement au Tibet 884 écoles primaires, 117 écoles secondaires ordinaires et 1 237 centres d'enseignement. En 2008, la durée d'instruction par personne au Tibet a atteint 6,3 années. On dénombre 6 établissements d'enseignement supérieur avec presque 30 000 étudiants, le taux de scolarisation pour les établissements d'enseignement supérieur étant de 19,7 %. Par ailleurs, il faut compter également 10 écoles secondaires spécialisées (professionnelles) comptant 21 000 élèves. Depuis plus d'une vingtaine d'années, 28 écoles réparties dans 20 autres provinces chinoises et municipalités relevant directement de l'autorité centrale ont créé des classes ou écoles pour les étudiants tibétains ; 53 écoles secondaires réputées du deuxième cycle et 90 universités de l'intérieur du pays ont admis des élèves originaires du Tibet. 36 727 élèves en provenance du Tibet ont pu étudier dans une école secondaire du premier cycle ; 30 370 dans une école secondaire du deuxième cycle ou spécialisée ; 12 000 dans une université. 18 000 étudiants tibétains ont déjà accompli leurs études et sont rentrés au Tibet ; 18 640 continuent toujours leurs études dans les classes tibétaines créées à l'intérieur du pays. Avec le développement rapide des sciences et techniques modernes, le personnel scientifique et technique ne cesse d'augmenter. En 2007, le nombre de techniciens spécialisés de toutes sortes a atteint 46 508, dont 31 487 étaient originaires d'ethnies minoritaires représentées principalement par l'ethnie tibétaine. Un grand nombre de talents de haut niveau regroupant titulaires de doctorat et maîtrise, scientifiques et ingénieurs se sont manifestés, devenant des forces vives pour promouvoir le développement du Tibet.

La presse, les médias et la cause culturelle moderne sont partis de zéro et ont connu un développement rapide. A l'heure actuelle, on compte au Tibet 2 maisons d'édition, 2 maisons de publication audiovisuelle, 35 imprimeries de toutes sortes, 23 journaux et 34 périodiques diffusés publiquement ; dans les sept préfectures (municipalité au niveau préfectoral) de la Région autonome, on peut lire des journaux en tibétain et en chinois. On dénombre au Tibet 9 stations de radio et de télévision, 39 stations de transmission d'émissions sur les ondes moyennes, 76 stations de transmission d'émissions en FM au niveau du district et au-dessus, 80 stations de transmission d'émissions télévisées au niveau du district et au-dessus (ports à la frontière y compris), 76 stations de transmission de télévision câblée et 9 111 stations de transmission au niveau du canton (bourg) visant à desservir tous les villages par la radio et la télévision. Les taux globaux de couverture de la population par la radio et la télévision sont passés respectivement de 18 % et 2 % en 1978 à 88,8 % et 89,9 % en 2008 ; l'objectif visant à desservir par la radio et la télévision tous les cantons (bourgs) et les villages administratifs sur le territoire de la Région autonome a été atteint. A l'heure actuelle, on dénombre au Tibet 564 organisations de projection de films, 82 institutions d'administration cinématographique, 478 équipes de projection itinérantes dans les régions agricoles et pastorales ainsi que 7 697 lieux de projection. La projection de films a couvert 98 % des villages administratifs ; les paysans et pasteurs dans la Région autonome assistent à 1,64 séance de film par mois et par personne. Pour le moment, le Tibet compte au total 257 maisons d'art et de culture de masse aux divers échelons, 10 troupes artistiques professionnelles en tout genre, 18 troupes artistiques populaires et 660 organisations amateurs de représentation de masse. Le développement de la presse, des médias et de la cause culturelle a créé des conditions permettant aux masses populaires du Tibet de suivre les actualités, d'obtenir des informations et de se divertir, tout en enrichissant leur vie spirituelle et culturelle.

Conclusion

A travers les changements de ces 50 dernières années, le Tibet est passé successivement d'un âge des ténèbres à un âge brillant, d'une région arriérée à une région en développement, de la pauvreté à la richesse, de la monarchie à la démocratie, de la fermeture à l'ouverture. Le Tibet se situe actuellement dans la meilleure période de son histoire grâce à son développement économique, son progrès social, sa culture florissante, la vie améliorée de la population, l'union ethnique, la politique stable et l'har- monie.

L'histoire a prouvé que : la mise à exécution de la réforme démocratique sur une superficie de 1,2 million de kilomètres carrés, l'abolition du régime théocratique de servage féodal vieux de plusieurs siècles, ayant permis de libérer les serfs et les esclaves, marquent un tournant important non seulement dans l'histoire de l'évolution des droits de l'homme en Chine, mais aussi dans l'histoire de l'abolition de l'esclavage au niveau mondial. Elles cons- tituent sans aucun doute un grand exploit dans l'évolution humaine à travers les âges. Sans réforme démocratique, il n'y aurait pas eu de libération des masses laborieuses, représentant 95 % de la population tibétaine, ni d'essor de la société tibétaine, ni de développement des droits de l'homme au Tibet, ni de vie heureuse pour le peuple multiethnique tibétain.

L'histoire a prouvé que : le XIVe Dalaï Lama et sa clique politique sont les représentants généraux du régime théocratique de servage féodal et de la classe minoritaire de propriétaires de serfs, monopolisateurs et bénéficiaires d'intérêts acquis sur les ressources politiques, écono- miques et culturelles de l'ancien Tibet. Il existe un conflit d'intérêts fondamental avec les masses laborieuses re- présentant la plupart de la population tibétaine et une contradiction profonde inconciliable avec la demande du développement social tibétain et la loi du développement de la société humaine. Cela entraîne une nécessité d'opposition irréductible envers la réforme démocratique de la part de la clique du Dalaï Lama, qui ne peut se retirer volontairement de la scène historique, ni renoncer à son privilège, ni accepter sa chute. Il y a 50 ans, pour sauvegarder le régime théocratique de servage féodal et l'éternité de leur privilège, la clique du Dalaï Lama n'a pas hésité à déclencher une rébellion armée ayant pour but la division de l'Etat. Pendant ces 50 ans d'exil à l'étranger, cette clique n'a jamais abandonné son intention de rétablir le régime théocratique de servage féodal. Elle a fondé, toujours sur le système du régime théocratique de servage féodal, un « gouvernement tibétain en exil », avec à sa tête le Dalaï Lama. Soutenue par les forces occidentales opposées à la Chine, elle n'a jamais arrêté ses activités destinées à détruire le développement et la stabilité du Tibet et à diviser l'Etat. Devant la société internationale, elle se déguise en porte-parole du « peuple tibétain » en faisant passer le noir pour le blanc et en créant des opinions publiques. Elle cherche à présenter le régime théocratique de servage féodal comme un « Shangri-La » paradisiaque, et à critiquer la mise à exécution de la réforme démocratique et la promotion du développement tibétain, en les qualifiant d'extermination culturelle, de destruction religieuse et de piétinement des droits de l'homme. Cela prouve que le XIVe Dalaï Lama et sa clique politique refusent l'abolition du régime théo- cratique de servage féodal, la prise en main de son destin par le peuple tibétain sous un système socialiste de démocratie populaire, la perte du privilège de la classe des propriétaires de serfs, la vie heureuse du peuple multiethnique tibétain, et qu'ils espèrent rétablir le régime théocratique de servage féodal déjà éliminé par l'histoire ainsi que le « paradis » gouverné par les propriétaires de serfs. Cela montre aussi que la nature de la divergence et de la lutte entre nous et la clique du Dalaï Lama ne réside pas dans l'autonomie, mais constitue plutôt une lutte entre le développement et la régression, entre l'unité et la séparation.

L'histoire a prouvé que : l'abolition du servage féo- dal, la libération des serfs et des esclaves, la sauvegarde de l'unité nationale, l'opposition à la scission ethnique constituent une juste cause pour la sauvegarde du déve- loppement des droits de l'homme et de la souveraineté de l'Etat. Dans l'histoire de l'humanité, afin de lutter contre le séparatisme du Sud et le régime d'esclavage et afin de libérer les esclaves noirs, le gouvernement des Etats-Unis a déclenché une grande guerre civile qui a duré quatre ans. Cela a entraîné une dépense de plus de 15 milliards de dollars américains, provoqué 1,1 million de morts et de blessés, ainsi que des pertes inestimables. Abraham Lincoln, le président qui a dirigé cette guerre, a acquis une bonne réputation dans l'histoire et reçoit, encore aujour- d'hui, des louanges du peuple américain et du monde entier. Dans le but de sauvegarder le régime théocratique de servage féodal, la clique du Dalaï Lama a déclenché une grande rébellion armée destinée à diviser l'Etat. Le gouvernement chinois a pris des mesures pour apaiser cette rébellion, sauvegarder l'unité nationale et libérer un million de serfs et d'esclaves. Cela a une valeur équi- valente à celle de la guerre civile américaine et à celle de la libération des esclaves noirs dans l'histoire humaine. Cependant, un certain nombre de forces occidentales opposées à la Chine, en négligeant la réalité objective et en présentant les faits à l'envers, haussent le XIVe Dalaï Lama, représentant du régime théocratique de servage féodal et des propriétaires de serfs tibétains, au rang de « gardien des droits de l'homme », « ambassadeur de la paix » et « dirigeant spirituel », tandis que le gouverne- ment chinois qui a supprimé le servage féodal et libéré un million de serfs et d'esclaves, est accusé de « piétiner les droits de l'homme ». Cela est tout à fait absurde et donne à penser. En fait, la soi-disant « question du Tibet » a été dès le départ un produit de l'impérialisme tentant de séparer la Chine. Elle fait partie de l'intention des puissances impérialistes de transformer la Chine en une colonie ou semi-colonie. La rébellion armée destinée à diviser l'Etat, déclenchée en 1959 par la clique du Dalaï Lama, a été soutenue et fomentée par les forces impé- rialistes. Après l'exil à l'étranger de la clique du Dalaï Lama, les forces occidentales opposées à la Chine n'ont jamais cessé de solliciter, soutenir et entraîner les activités d'« indépendance du Tibet » menées par cette clique. Cela prouve que la soi-disant « question du Tibet » n'est pas du tout un problème ethnique, religieux ou des droits de l'homme, mais un problème provoqué par les forces occidentales contre la Chine tentant de restreindre, séparer et diaboliser celle-ci.

L'histoire a prouvé que : le rétablissement du servage féodal conduira à une impasse, tandis que la séparation de la Chine n'aura pas d'avenir. L'évolution du temps et le développement de la société sont des tendances histo- riques indéniables. Toutes les ethnies chinoises, y compris les Tibétains, ont la volonté inébranlable de sauvegarder l'unité et la souveraineté de l'Etat sous la direction du Parti communiste chinois. Elles misent sur la voie socialiste à la chinoise, le système d'autonomie régionale des ethnies minoritaires, la promotion et la réalisation de la modernisation du Tibet, la construction d'un Tibet nouveau caractérisé par la solidarité, la démocratie, la richesse, la civilité et l'harmonie. « L'indépendance du Tibet », lancée par la clique du Dalaï Lama, conduira à une impasse, de même que la recherche d'une semi- indépendance ou d'une forme déguisée d'indépendance sous le prétexte d'une « large autonomie » est aussi vouée à l'échec. Peu importe le prétexte, la clique du Dalaï Lama, tentant de rétablir le servage féodal en allant à l'encontre du courant de l'histoire, est vaincue d'avance et se voit rejetée par toutes les ethnies tibétaines qui ont subi un régime de servage féodal et jouissent d'une vie heureuse dans un Tibet nouveau. L'unique solution pour la clique du XIVe Dalaï Lama est de renoncer à « l'indépendance du Tibet » ainsi qu'à toutes les intentions visant à rétablir l'ancien régime, de dissoudre le soi-disant « gouverne- ment tibétain en exil », d'arrêter toutes les activités divisant l'Etat et de reconnaître le Tibet en tant que partie intégrante de la Chine. Le XIVe Dalaï Lama doit réfléchir radicalement et corriger fondamentalement ses proposi- tions politiques et ses actions. Le gouvernement central ouvrira, que ce soit maintenant ou dans le futur, sa porte au XIVe Dalaï Lama en espérant le voir se ranger du côté de la patrie.

(1) La Face cachée de Lhasa, Edmund Candler, traduction de Yin Jianxin et Su Ping, Editions du Peuple du Tibet, 1989.

(2) La Face cachée de Lhasa, Edmund Candler, traduction de Yin Jianxin et Su Ping, Editions du Peuple du Tibet, 1989.

(3) Biographie du XIIIe Dalaï Lama, Charles Bell, traduction de Feng Qiyou et autres, Académie des sciences sociales du Tibet, 1985.

(4) Histoire moderne du Tibet (1913-1951) – La chute du royaume des lamas, Melvyn Goldstein, traduction de Du Yongbin, Editions de l'actualité, 3e tirage, août 1995.

(5) Un pèlerin bouddhiste au Tibet, un lieu sacré, Bombojab Tsebekovitch Tsybikoff, traduction de Wang Xianjun, Editions du Peuple du Tibet, 1993.

(6) La Terre des lamas, David Mcdonald, traduction de Zheng Baoshan, Nanjing, 1935.

(7) Grand tournant historique au Tibet, Ngapoi Ngawang Jigme, « La Tibétologie en Chine », n° 1, 1991.

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