ALLOCUTION DE M. ZHAO JINJUN, AMBASSADEUR DE CHINE EN FRANCE, A LA CONFERENCE-DEBAT AU PALAIS DU LUXEMBOURG
2005-06-01 00:00

Le 30 mai 2005, l'Ambassadeur de Chine en France ZHAO Jinjun a assisté, sur invitation, à la Conférence-débat consacrée à la Chine au Palais du Luxembourg et prononcé une allocution dont le texte intégral est le suivant :

Monsieur le Ministre,

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

Je suis très heureux d'être parmi vous aujourd'hui, au palais du Luxembourg, à l'occasion de cette conférence-débat consacrée à la Chine.

En tant qu'ambassadeur de Chine en France, je me réjouis de l'intérêt qu'un nombre croissant de Français, tous milieux confondus, portent à l'évolution de la Chine et à son avenir. Vouloir connaître ou redécouvrir la Chine est en soi un témoignage d'amitié.

Je suis d'autant plus heureux que cette conférence-débat, réunissant de si nombreux amis entrepreneurs, ait pour but de faire connaître et d'échanger des approches du partenariat avec la Chine. A mon avis, ce qui est très significatif pour le développement global des relations entre la Chine et la France.

Ce n'est point un hasard si la Chine suscite un tel intérêt pour nos amis français. Aujourd'hui, elle se trouve dans la période la plus fructueuse, marquée par le développement économique le plus rapide, le progrès social le plus grand et la mutation la plus profonde de son histoire. Pendant ces 26 dernières années, son PIB s'est accru en moyenne de 9,4% par an. En 2004, la Chine s'est hissée au 6e rang mondial en terme de PIB, au 3e en terme de commerce extérieur et au 2e en terme de réserves de devises. En même temps, le nombre de la population pauvre à la campagne s'est réduit de 250 millions il y a 26 ans à 26 millions aujourd'hui.

Le renforcement de la puissance globale, un marché immense avec 1,3 milliard d'habitants et une demande intérieure florissante ont attiré le regard du reste du monde. Selon les statistiques chinoises, au cours de ces 26 dernières années, la Chine a utilisé, en cumulé, 561,2 milliards USD d'investissement étranger dont 62 milliards en 2004.

En effet, les investisseurs étrangers ont pleinement tiré profit de la réforme et de l'ouverture de la Chine depuis 26 ans. J'aimerais bien vous livrer quelques chiffres comme exemple. Sur une période de 15 ans, entre 1990 et 2004, les investisseurs étrangers ont rapatrié, au total, plus de 250 milliards USD de profit, ce n'est pas rien. Les enquêtes menées auprès de 280 mille entreprises à capitaux étrangers en Chine révèlent que plus de deux tiers d'entre elles dégagent du profit. Selon une étude faite par la Chambre du commerce américaine en Chine, trois quarts d'implantations américaines en Chine dressent un bilan positif en 2004, dont 42% réalisent un taux de rentabilité supérieur à celui du niveau mondial. L'allemand Volkswagen réalise un quart de son profit opérationnel en Chine à travers son joint-venture.

Tous ces chiffres et exemples, que je vous ai donnés, montrent que la Chine joue un rôle important dans la mondialisation économique. En 2004, pesant seulement 4% dans l'économie mondiale, elle contribue néanmoins à 10% à la croissance de celle-ci. Si le commerce extérieur chinois ne représente que 6% du commerce mondial, la Chine contribue à hauteur de 12% à la croissance de ce dernier. Ce qui fait de la Chine un marché d'importations dont la valeur s'élève à 560 milliards de dollars par an.

On peut dire par là que la Chine, par son propre développement, contribue de manière remarquable à la prospérité de l'économie mondiale, et par son ouverture, apporte des opportunités d'activités formidables aux entreprises étrangères.

Cette année, les secteurs de distribution, d'automobile, de commerce extérieur, d'agriculture, de télécommunication et d'assurance s'ouvrent successivement aux capitaux étrangers.

Cependant, tout n'est pas parfait en Chine. Malgré des progrès de tous les jours, la Chine reste encore un pays en voie de développement confronté à nombre de difficultés et de sérieux défis. Voilà une réalité fondamentale de la Chine d'aujourd'hui.

A l'heure actuelle, les relations sino-françaises sont au beau fixe, elles se trouvent dans la meilleure période de leur histoire. En 2004, nos deux pays ont célébré solennellement le 40e anniversaire de l'établissement de leurs relations diplomatiques. Nos deux chefs d'Etat se sont rendu visite en un an, la première dans l'histoire de nos échanges politiques. La Chine et la France ont établi un partenariat global stratégique.

Ce qui constitue de bonnes conditions et opportunités favorables au renforcement de la coopération économique et commerciale sino-française. Selon les statistiques chinoises, le total des échanges commerciaux entre la Chine et la France s'est élevé à 17,5 milliards de dollars en 2004, au lieu de 8,3 milliards en 2002, soit une progression de 32% en rythme annuel après une croissance de 60% en 2003. Le commerce bilatéral est sur l'élan de développement le plus rapide depuis l'établissement de nos relations diplomatiques. Or, par rapport à nos excellentes relations politiques et culturelles, le niveau de nos échanges économiques reste insuffisant et appelle de gros efforts communs en vue d'une amélioration.

En 2004, nos échanges avec la France ne représentaient que 1,5% du commerce extérieur de la Chine dont la valeur globale atteignait 1100 milliards de dollars, alors que ceux avec l'Allemagne ont été de 4,7%. Il est donc nécessaire que nos deux pays multiplient leurs efforts pour accélérer le développement de leur coopération économique et commerciale, notamment pour renforcer et élargir la coopération entre de nombreuses PME-PMI. Ceci est primordial.

Mais ce qui me réconforte, c'est que de nouvelles tendances positives s'affirment dans notre partenariat économique et commercial. Le Premier ministre et plusieurs ministres français se sont déplacés successivement en Chine et le Premier ministre chinois visitera la France cet automne.

Au niveau local, les maires des grandes villes comme Paris, Marseille, Lyon et Bordeaux, ainsi que les présidents de plusieurs conseils régionaux ont été ou seront en visite en Chine. Et un grand nombre de séminaires ou de foires ont eu ou auront lieu cette année, ayant pour seul but de renforcer notre coopération économique et commerciale.

J'ai le fort sentiment que les autorités françaises, tant au niveau national qu'au niveau local, et le monde d'affaires français, plein d'attentes, sont plus que jamais mobilisés au renforcement de notre partenariat. Je suis pleinement confiant dans les perspectives de notre partenariat économique et commercial.

Cette confiance est fondée sur nos réalisations du passé et sur les résultats attendus de nos efforts.

L'année dernière, Alstom et la compagnie de chemin de fer de Changchun ont signé un accord sur la fourniture de rames roulant jusqu'à 200 km/h, premier pas d'un partenariat stratégique.

La coopération industrielle avec Airbus se développe dans de bonnes conditions. La commande par la Chine de 5 avions A380 revêt une portée significative.

Quant au domaine électronucléaire, une coopération s'est étendue depuis 20 ans entre nos deux pays. Dans la perspective de la construction d'au moins 36 nouvelles centrales nucléaires en Chine d'ici 15 ans, des opportunités inédites se présentent à notre coopération dans ce secteur.

Aujourd'hui, les produits français tels que le vin, le cognac, le parfum et les prêts-à-porter sont très prisés par les consommateurs chinois.

En 2004, plus de 400 mille touristes chinois sont venus en France et plus de 20 mille élèves chinois y étudiaient. La France continuera d'en attirer toujours davantage.

Par ailleurs, des banques et groupes d'assurance français sont en train de développer leurs activités en Chine. Il existe une véritable volonté forte des deux côtés pour développer leur partenariat dans le secteur tertiaire.

Les années croisées culturelles ont permis d'émerger en Chine un « engouement pour la France », ce qui profite également à créer une atmosphère favorable aux entreprises françaises désireuses de développer leurs affaires en Chine.

Il y a deux semaines, le Forum mondial du magazine Fortune s'est tenu à Beijing. Le Président HU Jintao et le Premier ministre WEN Jiabao, dans leur allocution, ont, tous les deux, affirmé que la Chine va poursuivre indéfectiblement la voie de réforme et d'ouverture, continuer à ouvrir graduellement son marché, introduire des capitaux étrangers sous formes innovées, perfectionner son cadre juridique et réglementaire, renforcer la protection de la propriété intellectuelle et s'efforcer de créer un meilleur environnement d'investissement en accordant toutes les facilités possibles aux investisseurs étrangers, pour ainsi promouvoir la coopération économique et commerciale avec le reste du monde.

La France est le premier pays occidental à reconnaître la Chine nouvelle. Nos deux pays sont unis par une amitié traditionnelle. Nous souhaitons que les entrepreneurs français saisissent les occasions, soient toujours plus nombreux à aller en Chine pour accroître leurs investissements ou élargir leurs échanges avec la partie chinoise, renforcent davantage leur partenariat avec la Chine sur les plans économique et technologique et apportent une plus grande contribution au développement des relations Chine-France.

Un vieux dicton chinois dit que tout travail sérieux est récompensé. Nos efforts porteront certainement des fruits abondants.

Pour terminer, je voudrais souhaiter un plein succès à la présente conférence et la réussite des entreprises françaises, notamment PME-PMI, en Chine.

Je vous remercie.

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