ALLOCUTION DE M. ZHAO JINJUN AMBASSADEUR DE CHINE EN FRANCE AU CLUB DE L'EXPANSION
2006-03-14 00:00

Monsieur le Directeur,

Mesdames, Messieurs, Chers Amis du monde économique français,

C'est avec un grand plaisir que je suis venu vous rencontrer aujourd'hui au club de l'expansion. En tant qu'ambassadeur de Chine, je suis très heureux de constater que du côté des médias et dans les milieux économiques et industriels français, toujours plus nombreux sont ceux qui s'intéressent à l'évolution de la Chine et qui ont l'envie de la découvrir et de nouer avec elle des liens de coopération. Ce qui m'encourage vivement. Je voudrais à cette occasion vous faire, de manière succincte, un état des lieux de l'économie chinoise et des relations entre nos deux pays, et vous livrer mes réflexions sur le renforcement de notre coopération économique et commerciale.

Depuis le lancement de la politique de réforme et d'ouverture sur l'extérieur il y a 26 ans, la Chine est entrée dans une période marquée par le développement le plus rapide et la mutation la plus profonde dans son histoire. En 2005, la croissance de son produit intérieur brut a atteint 9,9%, avec un agrégat supérieur à 2 200 milliards USD. Et ses importations ont dépassé 600 milliards USD. Elle a maintenu un rythme de croissance de 9,5% par an pendant les 26 dernières années. Ces chiffres montrent que la Chine figure parmi les pays qui affichent les courbes de croissance les plus fortes et qu'elle représente aujourd'hui l'un des plus grands marchés du monde, dans la mesure où les effets d'entraînement de son économie sur la croissance mondiale et sa contribution à l'économie mondiale s'avèrent de plus en plus importants. Contrairement à ce que craignent des experts, dans les années qui viennent, l'économie chinoise continuera à connaître une croissance soutenue, régulière et durable. Nous en sommes confiants. Les raisons sont les suivantes :

Premièrement, la Chine poursuivra indéfectiblement sa politique fondamentale de réforme et d'ouverture, une politique qui a permis de mobiliser une créativité et une initiative sans commune mesure des Chinois pour le développement économique et le bien-être de la population. On y trouve les explications essentielles sur le miracle qu'ils ont réalisé ces 26 dernières années. Les Chinois ne changeront pas cette politique, mais bien au contraire, ils l'appliqueront avec une plus grande détermination. La Chine de demain sera donc une Chine plus ouverte, qui se lancera dans des réformes plus approfondies dans différents secteurs, qui évoluera en conformité avec les règles du jeu et la loi de l'économie de marché et qui travaillera toujours davantage au service des intérêts et de l'aspiration du peuple chinois.

Deuxièmement, la croissance soutenue et durable de la Chine est surtout tirée par une demande intérieure toujours plus forte. En 2005, les revenus disponibles par habitant ont augmenté de 9,6% dans les villes et de 6,2% dans les régions rurales. C'est un marché à potentiel immense, fort d'un milliard trois cents millions de consommateurs et qui se trouve dans la première étape de l'industrialisation et de l'urbanisation. Avec l'amélioration continue des conditions de vie de sa population, et surtout avec l'essor des régions rurales, des régions du Centre et de l'Ouest du pays qui, économiquement parlant, restent aujourd'hui relativement retardataires, le marché chinois aura une capacité d'absorption plus importante, difficile à chiffrer et à mesurer. L'économie chinoise trouve donc devant elle des perspectives prometteuses et poursuivra son expansion soutenue et régulière.

Troisièmement, le gouvernement chinois, pleinement conscient de l'enjeu de la protection de l'environnement, renonce résolument à la pratique dite « tuer la poule pour prendre les œufs ». La Chine, au lieu de suivre le chemin d'industrialisation classique, cherche à défricher une voie de développement scientifique, autrement dit, un développement rapide et en même temps plus respectueux de l'environnement. Une importance accrue sera donc accordée à la qualité et à l'efficience de la croissance ainsi qu'au concept de développement durable. Pour ce faire, nous procéderons à une vaste restructuration économique, et nous veillerons à assurer un développement plus équilibré entre l'Est et l'Ouest du pays, entre la ville et la compagne, et à trouver un mode de croissance qui soit économe en énergie, respectueux de l'environnement et compatible avec le développement durable.

Quatrièmement, la Chine continuera à renforcer sa coopération économique et commerciale avec les autres pays du monde, à encourager l'investissement dans les deux sens et à promouvoir la coopération transnationale. En 2005, les investissements directs étrangers en Chine ont atteint 60,3 milliards USD. Les entreprises françaises et des autres pays ont profité des opportunités que la prospérité chinoise leur a offertes et la plupart d'entre elles ont obtenu des performances satisfaisantes dans leurs activités en Chine. A partir de 2005, la Chine a ouvert aux investisseurs étrangers toute une série de secteurs, notamment la distribution, l'automobile, le commerce extérieur, l'agriculture, la télécommunication et l'assurance. D'importants efforts sont engagés pour améliorer les conditions de l'investissement et du commerce et renforcer la protection de la propriété intellectuelle. Tout cela permettra à la coopération économique de la Chine avec l'étranger de se développer dans un contexte toujours plus favorable.

Malgré toutes ces performances, nous ne devrions pas perdre de vue que la Chine reste toujours un pays en développement. Les agrégats de l'économie chinoise sont certes impressionnants. Mais une fois divisés par un milliard trois cents millions d'âmes, ils tombent à des chiffres infimes. Le PIB par tête d'habitant en 2005 n'est qu'à 1 700 USD, ce qui place la Chine derrière le 100e rang du monde. Et inversement, le moindre problème, quand il touche à un milliard trois cents millions de personnes, prend une ampleur extrêmement sérieuse. La Chine recense chaque année plus de 10 millions de nouveaux-nés. 26 millions de personnes vivent dans la pauvreté, à la campagne, et dans les villes, on compte 21 millions de chômeurs. Le nombre des handicapés qui ont besoin d'une assistance sociale dépasse 60 millions de personnes, soit l'équivalent de la population totale de la France. La Chine a encore un long chemin à parcourir avant de rattraper les pays développés et d'avoir leur niveau de développement et leurs conditions de vie. Selon M. DENG Xiaoping, le développement de la Chine repose sur les efforts inlassables de plusieurs générations, d'une dizaine de générations et voire même de plusieurs dizaines de générations des Chinois. Je peux vous souligner que dans le processus de développement économique et de progrès social du pays, le gouvernement chinois fait face à d'énormes défis et difficultés dont l'ampleur est difficile à imaginer pour les pays occidentaux.

Mesdames, Messieurs, Chers Amis,

Je voudrais, dans la deuxième partie de mon intervention vous parler des relations sino-françaises.

Ce qui me réjouit, c'est que depuis ma prise de fonctions à Paris comme ambassadeur il y a trois ans, les relations de nos deux pays traversent la meilleure période de leur histoire.

D'abord, sur le plan politique, la Chine et la France partagent des vues identiques sur un grand nombre de dossiers et se soutiennent mutuellement sur tous les sujets qui préoccupent l'une ou l'autre partie. C'est le cas pour la Chine sur le dossier de Taiwan, sur la levée de l'embargo. C'est le cas pour la France sur le dossier ITER. Les deux dernières années ont été marquées par des échanges de visites très fréquents, et au plus haut niveau. Pour la première fois, nos deux chefs d'Etat se sont rendu visite en l'espace d'un an. Il en est de même pour nos deux premiers ministres. Cela est sans précédent dans l'histoire de nos relations bilatérales.

Ensuite, sur le plan économique, notre coopération aéronautique, ferroviaire, énergétique et environnementale a fait de nouveaux progrès. L'année dernière, les flux commerciaux entre nos deux pays ont, pour la première fois, franchi la barre de 20 milliards de dollars. La France est aujourd'hui pour la Chine le deuxième partenaire technologique, le troisième investisseur et le quatrième partenaire commercial parmi les pays de l'Union européenne.

Et enfin, sur le plan culturel, les Années croisées, là encore une première dans l'histoire des échanges culturels de nos deux pays, ont suscité un engouement dans les deux sens. L'illumination en rouge de la Tour Eiffel, le grand défilé sur les Champs-Elysées, voilà autant d'événements qui sont inoubliables pour les Chinois. Je suis surtout touché par l'engouement des Français pour la langue chinoise. Il y a tout juste une semaine, le Ministère français de l'Education nationale a nommé le premier Inspecteur général de chinois. Aujourd'hui, 12 000 Français sont à l'apprentissage du chinois, contre 9 000 il y a un an. Dans le même temps, plus de 20 000 élèves chinois sont inscrits aux établissements français. Le Premier ministre WEN Jiabao, lors de sa visite en France en décembre dernier, a annoncé que 400 jeunes Français seraient invités à visiter la Chine en 2006. Les jeunes, ce sont l'avenir et l'espoir d'une nation. Les échanges entre les jeunes de nos deux pays assureront un avenir prometteur à nos relations de demain.

Néanmoins, dans nos relations bilatérales, tout n'est pas encore parfait, et notre travail laisse à désirer. Sur le plan commercial, la Chine comme la France sont deux grands pays à l'échelle mondiale. Mais les flux commerciaux dans les deux sens ne représentent que 1,5% de nos volumes des échanges respectifs. Toujours pour l'année 2005, les flux commerciaux entre la Chine et l'Allemagne ont dépassé 60 milliards de dollars, soit trois fois le volume de nos échanges commerciaux bilatéraux. Cette situation n'est pas satisfaisante, mais elle montre également que le potentiel reste très important dans notre coopération économique et commerciale et que le monde économique et industriel de nos deux pays a un gros effort à faire en commun.

A ce sujet, le Premier ministre WEN Jiabao, lors de sa visite en France en décembre 2005, a fait cinq propositions : 1. consolider et développer davantage la coopération en matière de haute et nouvelle technologie ; 2. accroître les investissements dans les deux sens ; 3. promouvoir les échanges dans le domaine des services ; 4. intensifier la coopération entre les PME des deux pays ; 5. renforcer le mécanisme de concertation et de dialogue. Il a, en outre, proposé un objectif pour nos échanges commerciaux, c'est à dire 40 milliards de dollars en 2010. les entreprises de nos deux pays devront, à mon avis, travailler la main dans la main pour franchir ce cap.

Le Président Jacques CHIRAC se rendra en visite en Chine dans le quatrième trimestre de cette année. Je suis persuadé que grâce aux efforts conjugués de part et d'autre, le partenariat global stratégique sino-français connaîtra de nouveaux progrès. Ce que je souhaite ardemment, c'est que les entreprises françaises, surtout les PME connaissent mieux la Chine, saisissent les opportunités et se lancent avec audace sur le marché chinois. En cette année du chien, un signe propice aux affaires, je vous souhaite beaucoup de réussites dans notre coopération bilatérale. L'Ambassade de Chine est pleinement disposée à accompagner et à aider les entreprises françaises dans toutes leurs démarches de coopération avec la Chine.

Je vous remercie.

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