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Discours de l’Ambassadeur LU Shaye lors de la conférence avec le Comité Interuniversitaire des Nations Unies de Paris
2022-03-05 19:02

    Le 4 mars 2022, l’Ambassadeur LU Shaye a assisté à la conférence organisée par le Comité Interuniversitaire des Nations Unies de Paris(CINUP). Voici son discours :

M. le Directeur Thierry SEBAGH,

Chères étudiantes, chers étudiants,

Chers amis,

C’est un grand plaisir pour moi d’être ici à l’École ISG pour échanger avec le CINUP.Les jeunes étudiants que vous représentez constituent la force la plus dynamique de la société, et votre grand intérêt pour les affaires internationales et la Chine reflète l’enthousiasme de la jeune génération dans l’exploration du monde extérieur. Avant de venir ici, l’organisateur m’a proposé une liste de questions à aborder. Je trouve que ces questions peuvent se résumer en trois catégories : Comment voir la Chine ? Comment voir la paix et le développement dans le monde d’aujourd’hui ? Et comment voir les relations sino-françaises et sino-européennes ? Aujourd’hui, j’aimerais suivre ce fil conducteur pour vous parler de la Chine, du monde et des relations sino-françaises et sino-européennes.

À la demande de l’organisateur, je ferai d’abord une intervention d’environ 40 minutes pour partager mes points de vue, et si vous avez des questions, nous pourrons avoir des échanges juste après.

Première question, comment voir la Chine ? Pour la plupart des Français qui n’ont jamais été en Chine, le principal moyen de connaître la Chine est l’Internet et les médias. Si vous tapez « Chine » dans la barre de recherche de Google, Wikipédia vous dira que la Chine est le pays le plus peuplé, la deuxième économie du monde, le troisième plus grand pays en superficie, et qu’elle est membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies et membre de nombreuses organisations internationales, et est considérée comme un moteur important de l’économie mondiale. Si vous lisez les médias occidentaux, vous aurez tous les jours des informations sur la Chine, mais très souvent avec des récits de stigmatisation tels que « le gouvernement chinois est autoritaire et dictatorial », « la Chine viole les droits de l’homme », « le ralentissement de l’économie chinoise plombe la croissance mondiale » et « la lutte de la Chine contre la COVID-19 est un échec », etc., comme si la Chine était bon pour rien. Si vous suivez les réseaux sociaux, vous verrez que de nombreux prétendus « spécialistes de la Chine » occidentaux rivalisent de critiquer la Chine alors qu’ils y ont à peine mis les pieds, tandis que de nombreux étrangers qui vivent en Chine ont une idée favorable sur mon pays.

Alors, quelle est la vraie Chine ? Aujourd’hui, j’essayerai de répondre à cette question en prenant l’exemple de l’année 2021 avec des chiffres et des histoires réelles, qui, je l’espère, vous seraient utile pour former votre propre jugement.

L’année 2021 est une année charnière dans l’histoire de la Chine. Cette année est notamment marquée par trois événements majeurs. Le premier événement majeur : la Chine a célébré en 2021 le centenaire de la fondation du Parti communiste chinois (PCC). Le mois dernier, l’ambassadeur d’Argentine en Chine, après avoir accompagné le président argentin dans une visite au Musée du Parti communiste chinois, a dit avec émotion, je cite : « sans le PCC, la Chine nouvelle n’aurait jamais vu le jour ». En effet, c’est sous la direction du PCC que la Chine a pu connaître de grandes transformations au cours du siècle dernier, passant d’une vieille Chine en proie aux troubles de guerre où le peuple vivait dans la misère, à une Chine nouvelle aussi dynamique que prospère ; d’un pays appauvri et affaibli à la deuxième économie du monde ; d’un pays dénué de base industrielle à une puissance manufacturière mondiale ; et d’un pays ayant du mal à satisfaire les besoins élémentaires de la population à une société de moyenne aisance sur tous les plans. Durant les 40 dernières années, la Chine a nourri près de 20% de la population mondiale avec seulement 9% des terres arables de la planète, sorti plus de 850 millions de Chinois de la pauvreté et fait émerger une population à revenus moyens de plus de 400 millions de personnes. Après l’éclatement de la COVID-19, la Chine a rapidement maîtrisé la situation grâce à la direction ferme du PCC et aux efforts communs du peuple chinois. S’il y a aujourd’hui encore des cas sporadiques en Chine, la vie normale des habitants n’est pas affectée grâce à des mesures de prévention et de gestion ciblées. Malgré l’épidémie, l’économie chinoise reste en tête du peloton mondial avec un taux de croissance de 8,1% en 2021.

De nombreux médias et politiciens occidentaux disent souvent que le PCC est un parti autoritaire et dictatorial et que la Chine est un pays antidémocratique où il n’y pas de droits de l’homme. Mais ce n’est pas logique. Si c’était vrai, comment le PCC a-t-il pu conduire le peuple chinois à accomplir tant de réalisations ? En ce qui concerne le système politique et la démocratie, l’ancien Premier ministre de Singapour Lee Kuan Yew disait que le critère ultime pour juger un système politique est de savoir s’il peut améliorer le niveau de vie de la majorité de la population. On peut comparer un pays à une entreprise. Si on vous dit qu’une entreprise n’est pas réussie, qu’elle perd de l’argent, mais que son conseil d’administration se réunit exceptionnellement bien, achèteriez-vous des actions de cette entreprise ? Le « conseil d’administration » de la Chine est également très bien géré, mais est-ce suffisant ? Nous pensons qu’il faut concilier la démocratie procédurale et la démocratie substantielle, et qu’il est important de se concentrer non seulement sur les procédures, mais aussi sur les résultats. En fin de compte, la démocratie doit permettre de satisfaire les aspirations des peuples et leur apporter le bonheur, au lieu de se contenter des mots. Je peux vous fournir des chiffres pour comparaison. Un grand nombre de données montrent que plus de la moitié des habitants des États-Unis ont vu leur niveau de vie stagner au cours des 30 dernières années, tandis que la Chine est passée de l’un des pays les plus pauvres du monde à un pays à revenu intermédiaire en un peu plus de 70 ans. Plus de 80% des Chinois pensent que le gouvernement chinois sert la majorité de la population, alors que 52% des Américains pensent que leur gouvernement est au service d’une minorité de personnes. En Chine, 90% des cadres supérieurs et des fonctionnaires sont issus de familles ordinaires. Aux États-Unis, en revanche, les classes sociales sont figées et les 1% les plus riches disposent de la grande majorité des richesses. Moins de 5 000 personnes en Chine sont décédées de la COVID-19, contre 940 000 aux États-Unis, alors que la population chinoise est quatre fois plus importante que celle des États-Unis.

Les Chinois disent souvent qu’« à chaque pays son identité, sa coutume ». Dans la même logique, « à chaque pays sa démocratie ». C’est grâce à la diversité que l’humanité s’est développée et a prospéré. De nombreux Occidentaux parlent souvent de la « diversité culturelle », mais sont réticents à accepter la « diversité démocratique ». La démocratie est aussi une culture, une culture politique. Les pays occidentaux ne représentent que moins de 15% de la population mondiale, mais pensent que leur système devrait être accepté par le reste du monde. Je crains que cela ne soit pas raisonnable. L’histoire et les réalités de chaque pays sont très différentes. Imposer le système politique occidental aux autres est lourd de conséquences néfastes. Dans sa quête de la démocratie depuis près de 200 ans, la Chine avait essuyé beaucoup de revers et payé un lourd tribut pour avoir fait des copiés-collés des modèles étrangers. Et si nous regardons le monde d’aujourd’hui, à chaque fois que l’on a imposé à un pays la démocratie à l’occidentale, les résultats ont souvent été désastreux, et ce sont les populations innocentes de ce pays qui souffrent au final. Nous sommes donc d’avis qu’il convient de respecter et d’apprécier les points forts des autres, tant sur le plan culturel que politique, et de permettre à chaque pays d’avoir le droit de choisir en toute indépendance une voie adaptée à ses réalités nationales et de coexister en harmonie dans la diversité.

Deuxième événement majeur de l’année dernière : la Chine a célébré le 20e anniversaire de son adhésion à l’OMC. Au cours des 20 ans écoulés, la Chine a activement rempli ses engagements pris lors de son adhésion à l’OMC. Lors du 10e anniversaire de l’adhésion de la Chine à l’OMC, le directeur général de l’OMC de l’époque Pascal Lamy a déclaré que la Chine avait rempli à plus de 100% ses engagements pris. Par exemple, en termes d’ouverture du marché, le niveau global des droits de douane sur les importations de la Chine est diminué à 7,4%, ce qui est non seulement inférieur à l’engagement de 9,8% pris par la Chine lors de son adhésion à l’OMC, mais aussi inférieur au niveau de l’ensemble des membres en développement de l’OMC, et proche du niveau des économies développées. Dans le secteur des services, 120 sous-secteurs ont été ouverts aux investissements étrangers, bien plus que les 100 sous-secteurs prévus lors de l’adhésion chinoise à l’OMC. En matière de lois et de règlements, pour être en conformité avec les règles de l’OMC, le gouvernement central chinois a procédé à un examen général de plus de 2 000 lois et règlements, et les gouvernements locaux ont modifié plus de 190 000 politiques économiques et règlements locaux. Pour renforcer la protection des droits de propriété intellectuelle, la Chine a mis en place des tribunaux de propriété intellectuelle à Beijing et dans d’autres villes, ainsi que des chambres de justice de propriété intellectuelle dans de nombreuses provinces. La Chine respecte les règles de l’OMC. Elle a appliqué toutes les décisions rendues par le mécanisme de règlement des différends de l’OMC sur les cas concernés, même si elle a des objections. Au cours de 20 ans écoulés, la Chine a réalisé un développement commun avec le reste du monde en faisant progresser sans cesse la réforme et en élargissant son ouverture sur l’extérieur. Le PIB de la Chine est passée du 6e au 2e rang mondial, et la part du PIB chinois dans le total mondial est passée de 4% en 2001 à 18% en 2021 ; le volume des échanges de biens est passé du 6e au 1er rang mondial, et les investissements directs étrangers en Chine ont augmenté de 6,1% par an en moyenne ; le nombre d’entreprises chinoises figurant dans le top 500 mondial est passé de 11 en 2002 à 143 aujourd’hui; et les investissements directs chinois à l’étranger sont passés du 26e au 1er rang mondial.

Certains pays occidentaux prétendent que la Chine a tiré bien plus de bénéfices qu’elle n’a contribué après l’adhésion à l’OMC, et disent même que la Chine a « volé les emplois de leurs ouvriers ». Ces accusations sont totalement dénuées de fondement. La Chine a beaucoup contribué au développement durable dans le monde, avec un taux moyen de contribution de près de 30% à la croissance économique mondiale pendant plusieurs années consécutives. En tant que premier partenaire commercial de plus de 120 pays et régions, la Chine est devenue une locomotive de la l’économie mondiale. Dans la concurrence internationale, tout pays a à la fois des gains et des pertes. Mais on ne peut pas dire qu’on en pâtit en comparant simplement ses secteurs défavorisés avec les secteurs bénéficiaires de la Chine, sans prendre en compte les secteurs bénéficiaires de son propre pays. Qui plus est, la cause profonde des problèmes économiques de ces pays se trouve à l’intérieur de leurs frontières, et non dans d’autres pays. Par ailleurs, la Chine est l’un des rares grands pays en développement au sein de l’OMC à s’engager à appliquer des tarifs douaniers zéro à 97% des exportations en provenance des pays les moins avancés (PMA). La Chine demeure la principale destination des exportations des PMA depuis 2008, accueillant plus d’un quart de leurs exportations. Il est tout à fait juste de dire que les pays du monde, les pays en développement en particulier, ont beaucoup profité du développement de la Chine.

Certains médias disent que la Chine applique la politique économique de « double circulation » pour se découpler du reste du monde et qu’elle a clos ses portes à cause de l’épidémie et est devenue plus « fermée ». Mais les faits sont plus éloquents que les mots. En pleine épidémie, le commerce extérieur de la Chine a augmenté de 22% en 2021, franchissant successivement les seuils de 5 000, puis de 6 000 milliards de dollars américains. En 2021, la 4e Exposition internationale d’importation de la Chine a attiré près de 3 000 entreprises venues de 127 pays et régions. Le nombre de pays et d’entreprises participant a dépassé celui de la précédente édition et le volume des contrats d’intention conclus a dépassé 70 milliards de dollars. En 2021, la Chine a déposé officiellement sa demande d’adhésion au Partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP). Au début 2022, l’Accord de partenariat économique régional global (RCEP) auquel la Chine participe est officiellement entré en vigueur. Tout cela démontre la ferme détermination de la Chine à élargir son ouverture et à promouvoir la coopération économique régionale et internationale.

Troisième grand événement de l’année dernière : nous avons célébré le 50e anniversaire du rétablissement de la Chine nouvelle dans son siège légitime aux Nations Unies. Il y a 50 ans, la Chine nouvelle a retrouvé son siège légitime aux Nations Unies, et le peuple chinois qui représente près d’un quart de la population mondiale a retrouvé son véritable représentant aux Nations Unies. C’est une victoire de la justice mondiale, et aussi une victoire pour les buts et principes de la Charte des Nations Unies. Durant les cinq dernières décennies, la Chine a fermement défendu la paix et la sécurité dans le monde et préservé la justice et l’équité internationales. Elle n’a provoqué aucune guerre et a toujours œuvré au règlement politique des dossiers brûlants. La Chine est le premier pourvoyeur de Casques bleus parmi les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et le deuxième contributeur financier au budget de l’ONU et aux opérations onusiennes de maintien de la paix. Durant les cinq dernières décennies, la Chine a œuvré énergiquement à promouvoir le développement dans le monde. Elle a réalisé le miracle de l’éradication de la pauvreté absolue, contribuant pour plus de 70% à la réduction de la pauvreté mondiale. Elle a attaché une grande importance à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations Unies, fourni à la communauté internationale d’importants biens publics et plates-formes de coopération tels que l’Initiative « la Ceinture et la Route » et l’Initiative pour le développement mondial, et déployé des efforts inlassables pour promouvoir la coopération dans la lutte contre le changement climatique et la conservation de la biodiversité. Durant les cinq dernières décennies, la Chine n’a cessé de promouvoir l’état de droit au niveau international. Elle a adhéré à presque toutes les organisations internationales intergouvernementales à vocation universelle et à plus de 600 instruments internationaux et leurs amendements. Durant les cinq dernières décennies, la Chine a apporté son plein soutien à l’ONU pour qu’elle joue un rôle central dans les affaires internationales. Elle est convaincue qu’il n’y a dans le monde qu’un seul système – le système international centré sur l’ONU ; un seul ordre – l’ordre international basé sur le droit international ; et un seul ensemble de règles – les normes fondamentales régissant les relations internationales basées sur les buts et principes de la Charte des Nations Unies. Durant les cinq dernières décennies, la Chine a pris une part active aux actions des Nations unies dans les domaines de la science, de l’éducation, de la culture, de la santé, des femmes et des jeunesses, et n’a cessé de contribuer à l’amélioration de la santé humaine. On peut dire que, en tant que plus grand pays en développement et membre permanent du Conseil de sécurité, la Chine joue un rôle de plus en plus important, voire essentiel dans la promotion de la paix et du développement dans le monde.

Au fur et à mesure que l’influence internationale de la Chine s’accroît, des voix détractrices se sont multipliées. Certains disent que la Chine est devenue plus forte et donc plus « arrogante », tandis que d’autres nous accusent de pratiquer la « diplomatie du loup guerrier ». Mais si vous suivez les discours des dirigeants chinois, vous trouverez que la Chine a toujours été humble et inclusive et qu’elle n’a jamais été condescendante ou agressive. La culture chinoise privilégie la bienveillance à l’égard des autres. Les Chinois ne provoquent jamais, mais ne se laissent pas non plus malmener par les autres. Ces dernières années, les États-Unis et quelques autres pays n’ont cessé de dénigrer, calomnier et même diaboliser la Chine sur la scène internationale. Les médias occidentaux, fortement influencés par les États-Unis, font des reportages pleins de préjugés et de malentendus et de plus en plus négatifs et biaisés sur la Chine. Bien que le gouvernement chinois ait clarifié les faits et rétabli la vérité d’innombrables fois, certains pays et médias occidentaux ne veulent rien entendre et font la sourde oreille. Nos diplomates n’ont pas d’autre choix que de réagir de manière un peu plus « ferme », mais nous nous en sommes toujours tenus à la présentation des faits et à la persuasion par le raisonnement, sans jamais inventer quoi que ce soit. Si certains pensent que la Chine est devenue plus « arrogante » qu’auparavant, c’est peut-être parce qu’ils sont habitués à une Chine qui, autrefois, « ne bronchait pas face aux coups et aux injures », et qu’ils ne peuvent pas encore s’adapter à une Chine plus puissante et mieux capable de défendre ses intérêts et son image. Je vous suggère de lire les articles publiés sur le site web de l’Ambassade de Chine en France ou sur son compte Twitter, qui pourraient vous donner quelques inspirations.

Voilà les trois grands événements qu’a connus la Chine en 2021. Parlons maintenant du monde.

Je ne sais pas comment vous voyez le monde d’aujourd’hui. Dans les médias français, les mots les plus souvent utilisés pour décrire la situation internationale sont « chaos », « épidémie », « guerre » et « défis », ce qui reflète les inquiétudes générales des gens. Pour moi, il faut voir de manière dialectique l’évolution de la situation internationale. D’une part, nous traversons effectivement des changements majeurs inédits depuis un siècle, entremêlés de calamités naturelles et de désastres causés par l’homme, et nous sommes confrontés à nouveau à des risques de chaos, de désordre, de division et de confrontation. D’autre part, les forces négatives sont toujours contrecarrées par les forces positives, et les opportunités sont toujours concomitantes aux défis. Par exemple, face à cette pandémie sans précédent, nous avons rapidement mis au point des vaccins et vu l’espoir de sortie de la pandémie grâce à la coopération ; certains s’affairent à « construire des murs » et prônent la fermeture et le découplage, mais plus nombreux sont ceux qui préconisent l’ouverture, la coopération et le développement commun ; certaines puissances prônent l’hégémonie et l’intimidation et incitent à la confrontation entre blocs, mais davantage de pays s’opposent à la « nouvelle guerre froide » et aspirent à la paix. L’humanité se trouve à une nouvelle croisée des chemins : que faut-il choisir entre le repli sur soi et l’ouverture, entre la guerre et la paix ?

Les Chinois sont des optimistes engagés. Nous pensons que si les changements inédits depuis un siècle s’accompagnent du chaos, ils recèlent aussi des opportunités. Ni le « choc des civilisations » ni le « piège de Thucydide » n’est une fatalité. Tant que la communauté internationale travaille ensemble sous la bannière du multilatéralisme, nous serons en mesure de surmonter les défis actuels et d’avancer vers un avenir plus radieux. À mon avis, pour atteindre cet objectif, il faut faire valoir deux « esprits ».

Le premier est « l’esprit de lutte contre l’épidémie », caractérisé par la solidarité. La COVID-19 nous a fait réaliser comme jamais auparavant que l’humanité vit dans une communauté de destin et que personne ne peut relever seul les défis planétaires. Comme l’a souligné le Président chinois Xi Jinping lors du Forum économique mondial au début de cette année, « dans les turbulences d’une crise planétaire, les plus de 190 pays du monde ne sont pas à bord de leurs petits bateaux respectifs, mais partagent heurs et malheurs à bord d’un même bateau géant ». En juillet dernier, le Comité international olympique a voté à l’unanimité pour ajouter « Ensemble » à la devise olympique « Plus vite, plus haut, plus fort ». C’est la première modification depuis plus de 100 ans. Cela démontre que la solidarité est l’aspiration commune de la communauté internationale.

Le Président Xi Jinping a souligné à plusieurs reprises que les grands pays doivent être à la hauteur de leur grandeur. En tant que grand pays, la Chine a montré l’exemple dans la promotion de la solidarité mondiale. Prenons l’exemple de la coopération en matière de vaccins contre la COVID-19. La Chine a été le premier à fournir des vaccins aux pays étrangers dans le besoin, et celui qui a fourni le plus de vaccins. En termes de volume, nous avons déjà fourni plus de 2,1 milliards de doses à plus de 120 pays et organisations internationales. Une dose sur deux administrée dans le monde est « chinoise ». En termes de pays, plus de 60 pays utilisent principalement des vaccins chinois. Parmi les 10 pays les plus vaccinés dans le monde, la moitié a utilisé pour l’essentiel des vaccins chinois. Les pays en développement sont les plus grands bénéficiaires des vaccins chinois. C’est de la Chine que de nombreux pays en développement ont reçu leurs premières doses de vaccin et la plupart de leurs vaccins. Sur le milliard de doses distribuées dans le cadre de la Facilité COVAX, la Chine a contribué à près d’un cinquième des livraisons. Actuellement, un réseau de production permettant de fabriquer des vaccins chinois dans de nombreux pays au service du monde entier a pris forme. Des projets de production de vaccins en partenariat avec la Chine ont été mis en œuvre ou sont entrés en service à titre d’essai dans 12 pays ; huit pays ont signé des accords de coopération avec des entreprises chinoises ; et de nombreux autres pays sont en contact avec des entreprises chinoises. Ces pays sont presque tous des pays en développement.La Chine, premier pays à s’engager à faire des vaccins un bien public mondial, à soutenir l’exemption de propriété intellectuelle pour les vaccins, à coopérer avec les pays en développement pour la production de vaccins, a toujours défendu le concept de communauté de santé pour tous, travaillé à renforcer l’accessibilité et l’abordabilité des vaccins dans les pays en développement et apporté sa part de contribution pour combler le « déficit de distribution » et le « fossé vaccinal ».

J’ai dit tout à l’heure que l’humanité est dans un même bateau géant. Nous devrions donc ramer dans la même direction au lieu de nous entraver ou de nous attaquer les uns les autres. Cependant, les différences, les divergences et même la rivalité entre les pays existent objectivement et sont inévitables. Alors comment les gérer ? Cela m’amène au deuxième esprit, l’« esprit olympique », caractérisé par une compétition pacifique. Je crois que vous avez tous regardé les Jeux olympiques d’hiver de Beijing. Ce grand événement sportif a donné force et chaleur à un monde en proie à la pandémie et aux turbulences. L’essence des jeux sportifs est aussi la compétition, mais comment se fait-il que les athlètes olympiques, même les concurrents les plus féroces, peuvent rivaliser pacifiquement voire s’encourager mutuellement ? Je pense que nous pouvons en tirer au moins trois enseignements. Premièrement, nous devons rechercher un terrain d’entente par-delà les divergences et respecter la diversité, tout comme les athlètes de différentes couleurs de peau, de différents pays et de différentes croyances peuvent concourir et donner le meilleur d’eux-mêmes sur le même terrain. Deuxièmement, l’objectif de la compétition ne doit pas être simplement de battre l’autre équipe, mais de considérer l’adversaire comme une incitation à se surpasser et à progresser avec lui. Troisièmement, la compétition doit être respectueuse des règles. Et en ce qui concerne les relations internationales, l’autorité des Nations unies doit être préservée et les buts et principes de la Charte des Nations unies doivent être respectés. Aucun pays, même c’est une superpuissance, ne peut imposer sa volonté à la place des règles internationales, et encore moins se placer au-dessus de ces règles.

Sur les relations de la Chine avec le monde, il existe également des fausses interprétations et des mensonges

La plus célèbre de ces inepties est la « théorie de la menace chinoise », et la plus répandue aujourd’hui est le « piège de Thucydide ». La Chine n’a jamais voulu prétendre à l’hégémonie, et elle ne se soucie même pas de savoir si son PIB peut dépasser celui des États-Unis. L’objectif de nos efforts est de permettre aux 1,4 milliard de Chinois de vivre heureux et de vivre mieux. Nous avons encore beaucoup de travail à faire au niveau national. Il est important de comprendre que la Chine est encore un pays en développement : notre PIB par habitant ne représente qu’un quart de celui de la France et un sixième de celui des États-Unis, il y a encore un milliard de Chinois qui ne sont jamais montés sur un avion, et seulement 15.4% des Chinois ont reçu une éducation universitaire. C’est ça notre souci et nous avons à travailler très dur pour changer cette situation. Les États-Unis ont dépensé pendant les 20 dernières années 2 300 milliards de dollars pour faire la guerre en Afghanistan, tandis qu’en Chine, nous avons consacré en dix ans 250 milliards de dollars à la lutte contre la pauvreté absolue, ce qui a permis de sortir près de 100 millions de personnes de la pauvreté. Nous préférons de loin consacrer nos ressources et notre énergie au bien-être de notre peuple, que de nous disputer l’hégémonie avec les États-Unis. Mais les États-Unis ont voulu absolument faire de la Chine un ennemi imaginaire et cherchent à endiguer et à bloquer la Chine sur tous les fronts. Nous n’avons pas d’autre choix que de riposter. Tous les pays du monde sont égaux, la Chine a aussi le droit de se développer, le peuple chinois a aussi le droit de mener une vie meilleure. Nous espérons que les pays qui se sont développés en premier, comme les États-Unis et l’Europe, pourront regarder de manière plus inclusive les progrès des pays en développement, dont la Chine.

Le récent basculement de la situation en Ukraine est dans le fond une affaire entre l’Europe, les États-Unis et la Russie. Mais la Chine est devenue accidentellement une cible des critiques. Le porte-parole du Département d’État américain a récemment dit que la relation croissante entre la Chine et la Russie était préoccupante, laissant entendre que c’était avec le soutien de la Chine, dans les coulisses, que la Russie a osé agir. C’est une pure absurdité.

Durant leur moins de 250 ans d’histoire, il n’y a eu que 20 ans où les États-Unis n’ont pas lancé d’opérations militaires à l’étranger. Tandis que la Chine nouvelle n’a jamais lancé aucune guerre à l’étranger depuis sa fondation. Notre compréhension de la paix est manifestement différente de celle des États-Unis. La Chine a joué un rôle constructif dans la recherche d’une solution pacifique à la question ukrainienne, et a toujours appelé à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de tous les pays et à prendre au sérieux les préoccupations légitimes de chacun en matière de sécurité. Nous avons soutenu tous les efforts diplomatiques susceptibles à résoudre pacifiquement la crise, y compris le Format Normandie. Mais qu’est-ce ont fait les Etats-Unis ? La situation en Ukraine en serait-elle arrivée là si les États-Unis n’avaient pas envoyé sans arrêt des armes en Ukraine, ravivé la tension et répandu des messages alarmistes sur la guerre ? Il y a un gros point d’interrogation là-dessus. Les critiques américaines contre la Chine au sujet de l’Ukraine sont aussi irresponsables que quelqu’un qui verse de l’huile sur le feu tout en critiquant celui qui n’a pas réussi à éteindre l’incendie. Quant aux relations sino-russes, elles sont fondées sur le principe de non-alliance, de non-confrontation et de non-hostilité envers un pays tiers, ce qui diffère fondamentalement de la pratique des États-Unis, qui consiste à tracer des lignes idéologiques, à se liguer pour former de petites cliques et à créer la confrontation et la division. La Chine s’oppose à la mentalité dichotomique « ami ou ennemi » de la Guerre froide et ne suivra pas cette voie.

Enfin, j’aimerais vous parler des relations sino-européennes et sino-françaises.

La situation internationale a évolué très rapidement au cours des deux dernières années et les relations sino-européennes ont aussi connu des changements. En 2021, de nouveaux progrès ont été enregistrés dans les relations Chine-Europe. Notre coopération économique et commerciale s’est accrue à contre-courant, avec un volume commercial de 828,1 milliards de dollars sur toute l’année, soit une hausse de 27,5% en glissement annuel. L’accord Chine-UE sur les indications géographiques est entré en vigueur, les mécanismes de dialogue de haut niveau dans les domaines environnemental, climatique et numérique ont été lancés et le nombre de trains de fret Chine-Europe mis en service a atteint un nouveau record. La Chine et l’UE partagent une large convergence dans des domaines tels que la défense du multilatéralisme et le renforcement de la gouvernance mondiale, et ont obtenu des résultats de coopération encourageants dans la lutte contre le changement climatique et contre la COVID-19. Cependant, les relations sino-européennes ont également connu des difficultés. En mars dernier, l’UE a imposé à la Chine des sanctions unilatérales fondées sur des mensonges et de la désinformation, portant un coup dur à nos relations. L’accord d’investissement Chine-UE, conclu après de longues et âpres négociations, a été gelé par le Parlement européen. L’UE n’a par ailleurs cessé de renforcer et d’élargir sa panoplie d’outils économiques et commerciaux, suscitant des inquiétudes parmi les entreprises chinoises quant au climat d’affaires de l’UE et des doutes quant à leur confiance dans les investissements en Europe.

Beaucoup d’entre vous s’intéressent à l’évolution future des relations entre la Chine et l’UE. Je pense que la capacité des relations Chine-UE à sortir des difficultés actuelles et la direction qu’elles prendront dépendent dans une large mesure de la manière dont l’Europe voit la Chine. Depuis que l’UE a adopté le triptyque dans ses relations avec la Chine en mars 2019, les relations Chine-UE ont été sérieusement impactés et perturbés. La Chine estime toujours que, compte tenu des différences d’histoire, de culture, de systèmes sociaux et de stades de développement entre la Chine et l’Europe, il est normal que nous ayons des points de vue différents sur certaines questions, mais nous avons surtout des atouts complémentaires, de larges intérêts communs et d’énormes besoins de coopération. Entre nous, les convergences l’emportent largement sur les divergences et la coopération l’emporte largement sur la compétition. La coopération est la bonne voie à suivre, tandis que la confrontation ne conduit qu’à une situation perdant-perdant. La Chine et l’UE sont deux forces importantes, deux marchés immenses et deux civilisations brillantes dans le monde ; si nous pouvons nous compléter mutuellement et former des synergies sur la base du respect mutuel, ce sera une bénédiction pour le monde et l’humanité tout entiers.

La relation sino-française constitue l’une des relations bilatérales les plus stables entre la Chine et l’UE et entre les grands pays dans le monde. Le président Xi Jinping disait, « Ensemble, la Chine et la France peuvent changer le monde ». Si l’on regarde l’histoire, les relations sino-françaises ont créé de nombreuses premières : la France a été la première puissance occidentale à établir des relations diplomatiques au niveau d’ambassadeur avec la Chine nouvelle, le président Pompidou a été le premier chef d’État occidental à se rendre en Chine nouvelle, la France a été le premier pays occidental à accueillir en visite officielle un dirigeant chinois et la première puissance occidentale à engager une coopération et à établir un partenariat dans le domaine de l’énergie nucléaire civile avec la Chine. Ces dernières années, nos deux pays ont travaillé en étroite collaboration dans les affaires internationales, contribué ensemble à la conclusion de l’Accord de Paris sur le climat et joué un rôle constructif dans le dossier du nucléaire iranien et dans les dossiers brûlants en Afrique. Depuis l’entrée en fonction du président Emmanuel Macron, les relations sino-françaises ont continué de se développer régulièrement. Les deux chefs d’État ont échangé des visites et maintenu une communication étroite, avec huit entretiens téléphoniques depuis le début de l’épidémie. Le mois dernier, les deux chefs d’État se sont à nouveau entretenus au téléphone pour échanger leurs vues de manière approfondie sur les grandes questions internationales et donner l’orientation à suivre pour la coopération sino-française. Sous l’impulsion des deux chefs d’État, la Chine et la France ont travaillé dans la même direction et obtenu une série de résultats marquants dans la coopération bilatérale. L’année dernière, le volume des échanges commerciaux entre nos deux pays a dépassé pour la première fois 80 milliards de dollars ; notre coopération agricole a porté de nouveaux fruits, les importations chinoises de produits agricoles français ont augmenté de 40%. Ces résultats sont particulièrement précieux dans un contexte marqué par la crise sanitaire et la morosité de la reprise économique mondiale. La Chine attache une grande importance aux relations sino-françaises et au leadership de la France au sein de l’UE, et attend que la France joue un rôle d’orientation plus actif dans les relations sino-européennes.

Chères étudiantes et chers étudiants, certains d’entre vous étudient la politique internationale, et vous suivez tous de très près les questions internationales. Vous serez les futures forces vives de la diplomatie française. Je souhaite que vous puissiez faire valoir les atouts de la jeune génération pour découvrir une vraie Chine et la présenter aux Français de manière globale et objective, et que vous puissiez utiliser votre sagesse et votre force pour construire plus de ponts dans les échanges et la coopération sino-français et sino-européens, pour bâtir ensemble un monde meilleur et plus solidaire.

C’est sur ces mots que je termine mon discours. Je vous remercie de votre aimable attention et je suis disposé à répondre à vos questions.

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